Sapièce Juste la fin du monde, écrite en 1990, témoigne de ces influences mais est aussi d’inspiration autobiographique. Comme lui qui est atteint du Sida, son personnage Louis, écrivain, se sait proche de la mort. Éloigné des siens depuis 10 ans, Louis revient leur annoncer sa fin prochaine. Mais il ne fera pas cet aveu. La première partie permet à Louis de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scène 4 Analyse linéaire. Dernière mise à jour 02/12/2021 • Proposé par jllesaint élève Texte étudié LA MERE. ─ Le dimanche... ANTOINE. ─ Maman ! LA MERE. ─ Je n’ai rien dit, je racontais à Catherine. Le dimanche... ANTOINE. ─ Elle connaît ça par cœur. CATHERINE. ─ Laisse-la parler, tu ne veux laisser parler personne. Elle allait parler. LA MERE. ─ Cela le gêne. On travaillait, leur père travaillait, je travaillais et le dimanche ─ je raconte, n’écoute pas ─, le dimanche, parce que, en semaine, les soirs sont courts, on devait se lever le lendemain, les soirs de la semaine ce n’était pas la même chose, le dimanche, on allait se promener. Toujours et systématique. CATHERINE. ─ Où est-ce que tu vas, qu’est-ce que tu fais ? ANTOINE. ─ Nulle part, je ne vais nulle part, où veux-tu que j’aille ? Je ne bouge pas, j’écoutais. Le dimanche. LOUIS. ─ Reste avec nous, pourquoi non ? C’est triste. LA MERE. ─ Ce que je disais tu ne le connais plus, le même mauvais caractère, borné, enfant déjà, rien d’autre ! Et par plaisir souvent , tu le vois là comme il a toujours été. Le dimanche ─ ce que je raconte ─ le dimanche nous allions nous promener. Pas un dimanche où on ne sortait pas, comme un rite, Je disais cela, un rite, une habitude. on allait se promener, impossible d’y échapper. SUZANNE. ─ C’est l’histoire d’avant, lorsque j’étais trop petite ou lorsque je n’existais pas encore. LA MERE. ─ Bon, on prenait la voiture, aujourd’hui vous ne faites plus ça, on prenait la voiture, nous n’étions pas extrêmement riches, non, mais nous avions une voiture et je ne crois pas avoir jamais connu leur père sans une voiture. Avant même que nous nous marions, mariions ? avant qu’on ne soit mariés, je le voyais déjà ─ je le regardais ─ il avait une voiture une des premières dans ce coin-ci, vieille et laide et faisant du bruit, trop, mais, bon, c’était une voiture, il avait travaillé et elle était à lui, c’était la sienne, il n’en était pas peu fier. ANTOINE. ─ On lui fait confiance. LA MERE. ─ Ensuite, notre voiture, plus tard, mais ils ne doivent pas se souvenir, ils ne peuvent pas, ils étaient trop petits, je ne me rends pas compte, oui, peut-être, nous en avions changé, notre voiture était longue, plutôt allongée, aérodynamique», et noire, parce que noir, il disait cela, ses idées, noir cela serait plus chic », son mot, mais bien plutôt parce qu’en fait il n’en avait pas trouvé d’autre. Rouge, je le connais, rouge, voilà, je crois, ce qu’il aurait préféré. Le matin du dimanche, il la lavait, il l’astiquait, un maniaque, cela lui prenait deux heures et l’après-midi, après avoir mangé, on partait. Toujours été ainsi, je ne sais pas, plusieurs années, belles et longues années, tous les dimanches comme une tradition, pas de vacances, non, mais tous les dimanches, qu’il neige, qu’il vente, il disait les choses comme ça, des phrases pour chaque situation de l’existence, qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente », tous les dimanches, on allait se promener. Quelquefois aussi, le premier dimanche de mai, je ne sais plus pourquoi, une fête peut-être, le premier dimanche après le 8 mars qui est la date de mon anniversaire, là, et lorsque le dimanche tombait un dimanche, bon, et encore le premier dimanche des congés d’été ─ on disait qu’on partait en vacances », on klaxonnait, et le soir en rentrant on disait que tout compte fait, on était mieux à la maison, des âneries ─ et un peu aussi avant la rentrée des classes, l’inverse, là comme si on rentrait de vacances, toujours les mêmes histoires, quelquefois, ce que j’essaie de dire, nous allions au restaurant, toujours les mêmes restaurants, pas très loin et les patrons nous connaissaient et on y mangeait toujours les mêmes choses, les spécialités et les saisons, la friture de carpe ou des grenouilles à la crème, mais ceux -là ils n’aimaient pas ça. Après ils eurent treize et quatorze ans, Suzanne était petite, ils ne s’aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur père en colère, ce furent les dernières fois et plus rien n’était pareil. Je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais. Des fois encore, des pique-niques, c’est tout, on allait au bord de la rivière, oh là là là ! bon, c’est l’été et on mange sur l’herbe, salade de thon avec du riz et de la mayonnaise et des œufs durs, ─ celui-là aime toujours autant les œufs durs─ et ensuite, on dormait un peu, leur père et moi, sur la couverture, grosse couverture verte et rouge, et eux, ils allaient jouer à se battre. C’était bien. Après, ce n’est pas méchant ce que je dis, après ces deux-là sont devenus trop grands, je ne sais plus, est-ce qu’on peut savoir comment tout disparaît ? ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur côté faire de la bicyclette, chacun pour soi, et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. ─ C’est notre faute. SUZANNE. ─ Ou la mienne. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scène 4 Juste la fin du monde est une œuvre rédigée par Jean Luc Lagarce en 1990 suite à la prise de conscience de son état de santé. Il s'agit d'une pièce de théâtre mettant en scène Louis, un jeune homme de 34 ans allant rendre visite à sa famille qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Cependant, la raison de sa visite n'est en aucun cas porteuse de bonnes nouvelles. Au bout de 12 ans sans avoir vu sa famille, Louis leur rend visite dans le but de leur annoncer qu'il est mourant. Néanmoins, sa famille contrariée du fait qu'il n'a pas prévenu avant de venir et du fait qu'il ne leur a jamais rendu visite auparavant, empêche Louis d'en venir à ce sujet sensible. Cette pièce va exprimer plusieurs thèmes qui vont tourner autour de la famille. L'auteur va introduire son histoire en précisant le jour où elle se déroule c'est-à-dire un dimanche et va durer près d'une année. De plus, il traite les problèmes de familles qui sont assez courants tels que les reproches, le manque de communication, les difficultés de compréhension entre les personnages. Dans cette scène, la mère profite de la réunion familiale afin d'évoquer des souvenirs d'enfance de Louis et d'Antoine ayant une relation fraternelle tendue. Ceci va permettre de retracer l'évolution des liens qui unissent chaque membre de la famille. Ainsi, on peut alors se demander comment la mère raconte-t-elle les prémices de la tragédie familiale ? Dans un premier temps, nous verrons la contrition d'Antoine que l'on retrouve de la ligne 1 à la ligne 45. Par la suite, nous traiterons des souvenirs nostalgiques de la mère de la ligne 16 à la ligne 114. Et enfin dans un troisième et dernier temps nous étudierons le délitement familial de la ligne 115 à la ligne 140. I. La contrition d'Antoine ligne 1 à 45 Tout d'abord, dés la première ligne dimanche...» la mère, s'apprête à raconter une anecdote en l'introduisant par le jour de la semaine représentant le jour du seigneur et des réunions familiales. C'est un jour important pour elle puisqu'elle est proche de sa famille et que c'est le jour dans lequel de nombreux souvenirs refont surface. Cependant, Antoine va interrompre sa mère Maman ! » ligne 2 puisqu'il ne veut pas faire resurgir ces anciens souvenirs qui peuvent pour lui être douloureux. Antoine a comme été victime du passé puisqu'il a dû surmonter seul le départ de son frère, et prendre le rôle de l'aîné avec sa petite sœur, un rôle qu'il a peut-être eu du mal à tenir ce qui peut expliquer son côté agressif. On peut relever un manque de communication ici puisqu'il empêche son entourage de divulguer n'importe quelles informations relevant du passé. Suite à cela, la mère nie ses propos puis les justifie par le fait qu'elle raconte seulement des souvenirs du passé à sa belle fille Je n'ai rien … dimanche… » ligne 3-5. Elle use de la figure de style de l'épanorthose puisqu'elle se contredit en disant n'avoir rien dit puis en suivant son propos par le fait qu'elle était seulement en train de raconter. C'est une manière de se défendre et de se justifier par la même occasion pour ne pas assumer ses torts. Antoine va donc affirmer que sa mère raconte souvent des histoires du passé, au point même que son épouse puisse connaître ces histoires de façon précise. elle connaît … cœur » ligne 6 Il s'agit encore d'une excuse pour esquiver le passé et ces souvenirs pesants. Catherine, elle, va prendre la défense de sa belle-mère et exiger à Antoine de la laisser raconter ce qu'elle a besoin de rapporter Laisse la parler … allait parler » ligne 7-9. On retrouve la répétition du verbe "parler"’ pour insister sur le manque de communication présent au sein de cette famille. Elle insiste sur le fait qu'Antoine cherche à tout contrôler sûrement due à l'absence de son frère, mais aussi de son père. Sa mère, quant à elle, va employer les mots cela le gène » ligne 10, provenant des écrit bibliques, géhenne exprimant l'enfer et fait donc parti du champ lexical de la souffrance physique et psychologique. Dans la phrase on travaillait … le dimanche » ligne 11 à 13, la mère précise de qui elle parle lorsqu'elle dit on travaillait ». En effet elle dit qu'elle-même et le père travaillaient. On peut dire que c'est une forme d’épanorthose ici aussi puisqu'elle reprend son propos et tente de le corriger et même d'y apporter des précisions. Elle va finir par se rendre compte dans la phrase Je raconte, n'écoute pas » que son fils ne l'écoute pas et cherche à fermer toutes les portes de communication. Il refuse catégoriquement d'écouter la moindre information lui rappelant son passé. Elle commence donc à raconter les souvenirs en insistant sur le jour du dimanche pour accentuer le fait qu'il s'agit pour elle d'un jour important, le jour du repos, le jour de la famille, le jour des souvenirs. Suzanne va alors interrompre sa mère et s'adresser directement à son frère Antoine qui s'apprête à s'en aller puisqu'il refuse catégoriquement d'assister à cette remémoration de souvenirs où est-ce que tu vas, qu'est-ce que tu fais ? » ligne 21-22. Dans la réponse d'Antoine, nous retrouvons la répétition du terme nulle part » pour bien insister sur la justification d'Antoine nulle part … le dimanche » ligne 23-27. En effet même s'il ne veut pas assister à la narration de sa mère, il ne veut pas non plus que son entourage ait une image de lui similaire à celle de son frère Louis qui lui est réellement parti. Suite à cela Louis va faire preuve d'impudeur puisqu'il ose dire à son frère Reste avec, pourquoi non ? C'est triste » lignes 28-29, qui refuse simplement d'écouter sa mère raconter des souvenirs d'enfance or que lui-même à réellement quitté son foyer familial sans jamais prendre des nouvelles des siens. Par la suite, la mère dresse un portrait d'Antoine qui est très entêté depuis sa plus tendre enfance. Elle le décrit auprès de Louis qui n'a assisté ni à l'âge tendre ni à l'adultisme de son petit frère. Elle dit qu'il n'a pas pris en maturité et qu'il est tout autant puéril qu'autrefois. Elle paraît rancunière suite à l'impudicité de son fils. On peut apercevoir des tensions entre Antoine et la mère qui doivent être présentes depuis quelque temps maintenant. Dans la phrase Le dimanche ... impossible d'y échapper » ligne 36-42, nous retrouvons la répétition du jour dimanche qui exprime un jour important pour la famille. On pourrait même aller jusqu'à dire qu'il s'agit d'un jour sacré puisqu’ici, la mère parle d'un rituel d'où l'utilisation du nom rite » qui est répété deux fois. Elle insiste sur le fait que cela se produit chaque dimanche en utilisant les mots habitude » et impossible d'y échapper ». On peut alors comprendre qu'il s'agit d'une obligation et que cela peut être la source de souvenirs douloureux pour certains. Suzanne quant à elle, malgré tout ses efforts reste celle qui vient après, celle qui n'est pas concernée par les histoires familiales, car, trop jeune, elle n'était pas consciente des affaires familiales antérieures C'est l'histoire d'avant … lorsque je n'existais pas encore » ligne 43-45. II. Les souvenirs nostalgiques de la mère ligne 16 à la ligne 114 Ensuite, dans la première ligne de ce deuxième mouvement, la mère insiste encore une fois sur le retour au présent pour exprimer une coupure entre les évènements du passé et ceux du présent. Elle aurait peut-être aimé avoir les mêmes habitudes qu'autrefois ce qui n'est pas le cas et ce qui la désole. Nous retrouvons également la répétition du mot voiture pour exprimer une forme de fierté On prenait … une voiture » ligne 46-51. En effet, malgré leur statut modeste, ils avaient un véhicule qui est l'un des éléments les plus importants de ce deuxième mouvement. Cette voiture a permis de créer des souvenirs qui ont marqué la famille, principalement la mère. Cependant la personne la plus fière de cette acquisition était le père. De plus, dans ce mouvement nous pouvons observer la confusion de la mère qui réfléchit en même temps qu'elle parle ce qui la désoriente et la fait hésiter entre le présent de l'indicatif et le présent du subjonctif Avant même … déjà » ligne 52-53. Ceci nous éclaire sur les problèmes de communication qu'elle peut avoir dus à ses pensées illuminées par le passé. Le père, lui est représenté comme un ouvrier ayant travaillé péniblement et longtemps pour obtenir un bien qui lui est cher comme sa voiture je le regardais … confiance » ligne 55-61. Il en est fier puisqu'il n'a pas acquis cette voiture gratuitement, au contraire il l'a mérité suite à son implication dans son travail. La mère cherche des défauts à ce bien en disant qu'il était usé et bruyant. Elle ne prend pas en compte le fait que, dû à son revenu modeste, il n'aurait pas pu obtenir une voiture de qualité comme elle aurait pu l'espérer. Il représente la fierté ouvrière du 19e siècle. De plus la mère transforme le nous avions une voiture » en c'était la sienne ». Elle appuie le fait que la voiture était au père en premier avant d'être à la famille. Elle dresse un portrait de lui comme quelqu'un de coutumier, de traditionnel. On pourrait même affirmer qu'il a une préférence pour son bien acquis que pour elle-même. Ces propos sont confirmés par la remarque d'Antoine. Par la suite nous pouvons observer que la mère semble perdue dans ses souvenirs. Elle croit vivre dans le passé et semble se souvenir de chaque élément du passé comme si elle y était coincée et pourtant elle a des doutes sur ce qu'elle raconte. Notamment lorsqu’elle emploie le peut-être » ligne 65. Elle a quelques fois des retours à la réalité lorsqu'elle dit trop petits » ligne 64 elle réalise ailleurs qu'il est possible qu'il ne s'en rappelle plus au cours de leur maturité. On sent un décalage entre l'époque dans laquelle elle se sent et la réalité. En effet elle est persuadée d'être encore dans le passé et pourtant elle emploie des termes tels que plus tard » ligne 62. D'après la mère et noire … son mot » ligne 69-71, le père disait avoir des idées noires ce qui reflète son ressenti. Il devait se sentir comme dévalorisé ou de côté. Cela nous permet d'en savoir davantage sur les émotions du père puisque nous ne savons pas grand-chose de lui au cours de la pièce. Il dit que le noir représente également le chic ce qui fait légèrement contradiction avec les revenus de la famille. En effet il s'agit d'une famille modeste, et le terme chic» représente surtout les classes sociales riches. De plus la prise de soin de la voiture passe en priorité. Par la suite la famille réalise ces activités hebdomadaires. Le sens de priorité est influencé par les préférences de chacun, dans ce cas on peut affirmer que l'amour que le père a pour sa voiture est peut-être plus important que celui qu'il a pour sa famille. Néanmoins la mère est vraiment attachée à ces années qui regroupent tous ses meilleurs souvenirs Plusieurs années, belles et longues années » ligne 82. Elle aurait préféré que ces traditions perpétuent, mais un élément à déclenché la fin de ces traditions et donc de ses merveilleux souvenirs. Le père était également attaché à ces petites habitudes jusqu'à les appliqués même dans les pires conditions météorologiques Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente » ligne 88. Ceci explique sûrement l'attachement que la mère a pour ses coutumes. Du à toutes ces émotions, la mère commence à se mélanger les pinceaux lors de son explication, elle traite du premier dimanche de mai puis le premier dimanche après le 8 mars. Elle ne sait plus où elle en est ou même ce qu'elle dit. Elle ne finit plus ses phrases puisqu'elle-même ne sait pas quoi dire ni comment compléter ses propres phrases. Elle paraît confuse et ne se souvient plus vraiment de cette période de leur vie. La famille va alors s'inventer des vacances, car pour eux les vacances ne sont pas représentées par le lieu, mais bien avec quelles personnes elles sont réalisées. on disait … histoires » ligne 98-104. La mère établit une description du père comme quelqu'un qui n'est pas aventurier qui ne possède rien d'étonnant. Un père de famille basique qui ne sort pas du lot, mais qui ne lui déplaît pas pour autant. Elle se contente de cela et est nostalgique de cette période. Elle emploie le terme âneries » comme pour dire que ce sont des bêtises influencées par un comportement puéril du père. À la fin de ce deuxième mouvement, la mère explique que la famille se rendait parfois au restaurant et où on leur servait des spécialités de saisons malgré leur instabilité financière nous allions … ça » ligne 106-113. Ceci se passe encore une fois le dimanche un jour vraiment spécial pour l'intégralité de la famille. Cette famille semble comme sociable puisqu'elle a fini par être assez proche des gérants du restaurant. Ceci appuie le caractère spécial du dimanche rapprochant la famille, mais aussi les inconnus de cette dernière. Nous pouvons relever le terme ceux-là », employé par la mère pour décrire ses enfants auprès de Catherine, ce qui insiste sur les tensions présentes au sein de la famille. III. Le délitement familial ligne 115 à 140 Enfin, dès le début de ce troisième mouvement, la mère tient ses enfants responsable de la rupture de ces habitudes familiales, causée par leur croissance Après … pareil » ligne 114-118. Elle leur reproche d'avoir grandi et d'être coupables de ce délitement familial par leur dispute. Ceci en dit long sur le rapport que la mère a avec ses enfants, elle se dit que s'ils étaient restés aussi petits qu'avant peut-être que ces traditions auraient perpétué. Ce qui explique la raison pour laquelle ses idées restent constamment dans le passé. C'est à partir de ce moment là que l'union familiale c'est fragilisée. Elle va par la suite se rendre compte de ce qu'elle a dit devant ses enfants et tente de se rattraper en s'excusant indirectement. Elle poursuit son propos en disant qu'elle arrête de parler et finit par changer de sujet et raconter la suite de ses joyeux souvenirs je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais » ligne 119. Encore une fois, on remarque une difficulté de communication puisque la mère se retient de parler pour éviter de rabaisser ou de blesser ses enfants. Elle a eu le réflexe de changer de sujet, ce qui est arrivé de nombreuses fois au cours de la pièce lorsque des propos blessants font surface dans la discussion. Dans la phrase des fois encore, des piques-niques, c'est tout … oh là là là », on peut apercevoir la remontée de souvenirs immédiate exprimée par le oh là là là ». Elle est heureuse de raconter ces moments merveilleux passés avec sa famille avant que celle-ci ne se détruise. Elle utilise également le c'est tout » pour insister sur la banalité des activités réalisées en ce temps. Une activité banale pour les autres familles, mais considérable pour elle. Nous pouvons observer une utilisation du présent de l'indicatif exprimée par la mère, comme si elle racontait un évènement actuel. Elle réfléchit en même temps qu'elle parle et fais donc des erreurs entre le moment où elle raconte et celui où l'histoire se déroule. La mère revient ensuite immédiatement à l'imparfait lors de sa narration. Elle utilise encore une fois la figure de style de l'épanorthose lorsqu'elle précise son propos au moment même où elle parle de la couverture. En disant c'était bien », la mère exprime le fait que ça ne l'ait plus puisqu'elle emploie l'imparfait pour qualifier l'époque ou tout allait bien. Elle regrette ce temps et insinue que le temps actuel, sans le père, avec un retour de Louis brutal, et les tensions présentes dans la maison est un temps qu'elle aurait préféré éviter de vivre. Avant même de commencer à rapprocher quoi que ce soit, elle tente d'atténuer ses mots pour éviter de brusquer qui que ce soit. Indirectement elle accuse ses enfants d'être la cause de la désagrégation de la famille Après, ce n'est pas méchant ce que je dis non, après ces deux-là sont devenus trop grands, je ne sais plus » ligne 31-33. Elle va également user d'une question rhétorique dans laquelle la mère réalise que tout ça appartient au passé et que rien ne fera revenir ces doux moments est-ce qu'on peut savoir comment tout disparaît ? » ligne 134. Elle cherche tout de même à comprendre quoi ou bien qui a déclenché tant de facteurs ayant participé à cette destruction. Grâce à la phrase Ils ne voulurent … pour soi » ligne 135-136, nous pouvons comprendre que Louis n'est pas le seul responsable de cette destruction familiale. En effet, bien avant le départ de Louis, la famille était déjà presque totalement détruite principalement dû à l'éloignement des deux frères dans leur enfance. Ils ont pris des chemins différents exprimés par la métaphore chacun de leur côté faire de la bicyclette ». La bicyclette représente le chemin de vie, les objectifs, les ambitions de chacun qui étaient contradictoires. La mère paraît triste, nostalgique, déçue lorsqu'elle parle de l'éloignement des deux frères. Suzanne, elle, est encore une fois mise de côté. Son enfance ne compte pas aux yeux de la famille puisque les parents ont décidé de mettre fin à ces coutumes suite à la séparation des deux frères et n'ont pas tenu compte du fait que Suzanne aurait pu également avoir une enfance comme celle de ses frères. Elle a toujours été à l'écart, que ce soit par rapport aux histoires familiales, ou bien par son âge trop jeune qui l'a empêché de vivre une belle enfance auprès de sa famille. Elle a été délaissée par ces deux frères puisqu’après le départ de Louis, Antoine n'a pas eu un rôle de grand frère très protecteur, mais plutôt rabaissant. À la fin de ce troisième mouvement, et de cette scène, Antoine se rend compte de la peine qu'il a provoquée auprès de sa famille du fait qu'il se soit mis à l'écart de sa famille durant son adolescence. Il reconnaît ses fautes C'est notre faute » ligne 139. Suzanne s'excuse également et se sent responsable de sa propre naissance et pense que celle-ci a joué durant ce délitement Ou la mienne » ligne 140. Cependant elle n'y est pour rien, mais tente quand même d'attirer l'attention sur elle. Elle se sent tellement à l'écart de toutes ces histoires familiales qu'elle serait prête à se rendre responsable de tout cela pour obtenir sa place au sein de la famille. Contrairement à son frère et sa sœur, Louis fait preuve de silence comme depuis le début de la pièce. Il ne se sent pas responsable de tout cela alors que le facteur ayant détruit la famille définitivement est son départ de la maison qui a durer des années. Conclusion Pour conclure, dans cette scène, la mère tente d'exprimer de façon la plus détaillée les souvenirs merveilleux qu'elle possède avec le reste de sa famille. Des souvenirs qu'Antoine cherche à oublier. Il évite d'écouter comme il peut ces histoires lui rappelant son passé avec son frère et son père, avant même qu'il prenne la décision de les quitter. On peut relever de la souffrance chez Antoine notamment dans le premier mouvement, cette histoire racontée par sa mère est une histoire qu'il a entendue de nombreuses fois et qu'il refuse d'entendre de nouveau. Louis reste comme il peut silencieux et ne décide de parler que pour faire une remarque assez déplacée. Dans cette scène nous pouvons également comprendre à quel moment les relations familiales ont commencé à se fragiliser et se détruire. La mère raconte comment une famille heureuse et très proche a pu se retrouver séparée comme actuellement. Elle raconte l'histoire de toute une vie qui met fin, une forme de peste effacée, et tente comme elle peut d'avoir un minimum d'attention sur elle et de participer aux histoires familiales auxquelles elle n'a pas assisté.
Introduction Juste la fin du monde est une pièce de théâtre contemporaine de Jean-Luc Lagarce, qu’il a terminée en 1990 et qu’il n’a pas pu mettre en scène de son vivant. Elle le sera 4 ans après sa mort, en 1999. Elle aborde le thème du retour et celui de la famille et met en scène un conflit familial où la parole joue un rôle central.
Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théâtre entre présence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le co ... 1Je souhaite ici esquisser quelques pistes de ce que l’on pourrait nommer une herméneutique de l’écriture de Lagarce, ces pistes ayant été plus largement exploitées dans la récente monographie que j’ai publiée Lagarce. Un théâtre entre présence et absence1. J’aimerais confronter le film de Xavier Dolan au texte de Juste la fin du monde en ouvrant cet article sur une étude de lexique que l’examen de l’archive en ligne sur le site fanum pourrait permettre de concrétiser à l’avenir. 2 M’intéressant aux dramaturgies de la parole, je mène ce type d’approches à propos de l’écriture de ... 2Ma première constatation est que ce film, s’il ne respecte pas à la lettre le texte et la langue de Lagarce, restitue en revanche l’esprit de la pièce et entre en résonance avec la lecture que j’avais pu en dégager lorsque j’ai publié mon ouvrage sur l’œuvre de Lagarce, dont le sujet principal est l’étude des figures de la perte de soi dans l’ensemble de son théâtre, dans son journal et ses autres écrits, et où j’insiste sur l’observation du processus de l’écriture, tel qu’il est décrit par l’auteur lui-même, à savoir que l’écriture est pratique permanente de la réécriture à la fois intra- et intertextuelle, et que la réécriture est une mise en scène de l’écriture elle-même. Ma démarche s’apparente au courant de la génétique textuelle et de la génétique théâtrale, par le biais de l’analyse des processus2. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise ... 3La langue de Lagarce est bien là, du moins dans sa recherche obsessionnelle du mot juste, dans son bégaiement collectif rituel qui dit une non-coïncidence du langage et de la pensée, une non coïncidence des mots et des corps, une non-coïncidence de soi à soi. C’est dans ce déficit à la fois linguistique et ontologique que s’installent les personnages de Lagarce, dans une polyphonie apparente, mais qui n’en est pas une, puisqu’une seule voix les traverse tous, dans une sorte d’identité transpersonnelle. Rhétorique de l’incertitude, tremblement du dire et tremblement de l’être, pléthore des modalisateurs, abus de l’épanorthose, usage de l’approximation, telles sont les attitudes d’écriture d’un auteur qui pratique la culture du doute et le choix de l’hésitation, entendus comme un art poétique, mais aussi comme un acte de résistance aux certitudes assénées par les discours totalitaires – je ne vais pas insister sur ces lieux communs de la critique lagarcienne3. 4Ce que le film met particulièrement en relief, c’est à quel point le dispositif de la pièce est placé sous le signe de la perte, de la déperdition, qui marque la relation à l’écriture, aux autres, au monde. Le sentiment de la perte est lié au désir impérieux de retrouver le mot juste, la relation juste, le regard juste. Nous envisagerons ici les deux derniers aspects, à travers les leitmotivs lagarciens du sacrifice et de l’abandon. Le sacrifice 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques conte ... 5Ce que le film de Xavier Dolan révèle, dans un langage et un lyrisme qui lui sont personnels, c’est la violence archaïque qui sous-tend les relations entre les personnages. Transformer la mort en sacrifice, tel est le programme annoncé dans les monologues de Juste la fin du monde. Et ce rituel est consenti par la victime La mort aussi elle est ma décision / et mourir vous abîme et c’est vous abîmer que je veux. […] je me sacrifie4. » 5 René Girard, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 116-120. 6Louis, que ce soit de manière effective ou métaphorique, accumule les signes victimaires tels que les énumère René Girard dans Le Bouc émissaire 5 parricide, inceste, homosexualité, hubris sont les attributs principaux de la victime rituelle. Renvoyant à mon ouvrage pour l’analyse des premiers6, je n’évoquerai que le dernier, l’hubris, le plus important par rapport à notre propos – la mythologie de l’écriture – car elle renvoie à la pratique de l’écriture comme une activité transgressive 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. Être dans la Cité, au milieu des autres, avoir le droit immense de pouvoir parler, être responsable de cet orgueil, être conscient de ma force7. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théâtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théâtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute à Vinaver, Paris, Nathan, Un ... 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 Joël Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric Duchâtel dir., Juste la fin du monde. Nous les hér ... 7Cette affirmation de Lagarce, ce sentiment d’avoir franchi une limite – sociale, symbolique – est aussi ce qui servira à peindre la figure de Louis dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. C’est bien cet orgueil que lui reprochent les siens, qui le trouvent trop distant avec eux, telle Suzanne il n’embrasse jamais personne »8 ; Je pense que vous avez remarqué aussi cela, ce caractère, cette froideur de caractère, […] il n’embrasse jamais personne, de sa propre initiative9 ». La mère même accable Louis, se moquant de son petit sourire et de cette façon si habile et détestable d’être paisible en toutes circonstances »10. D’ailleurs, si dans Juste la fin du monde, personne ne comprend pourquoi Louis est revenu, dans Le Pays lointain, personne ne comprend non plus pourquoi il a quitté le domicile familial il est vaguement question d’une dispute avec le père au moment de l’adolescence thématique qui sera reprise dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, mais ce qui subsiste, c’est le sentiment qu’il a fallu à Louis une dose importante d’orgueil pour partir. Selon Patrice Pavis, c’est même cette arrogance excessive qu’il paierait de sa vie11. Enfin, selon Joël Jouanneau, même le prologue témoigne de l’hubris du personnage ce souhait d’être, jusqu’à cette extrémité [s]on propre maître »12, montre la part d’orgueil de sa démarche13. Mais je ne partage pas cette dernière interprétation, j’y reviendrai. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dan ... 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 8Dans Juste la fin du monde, le dispositif de circulation de la parole est celui d’un tribunal, comme l’a souligné Jean-Pierre Sarrazac14, et la place de Louis est bien celle de l’accusé face aux jurés. Un rôle qu’il assume d’ailleurs totalement Je suis un étranger. Je me protège. J’ai des mines de circonstance15. » 16 Ibid., p. 38. 9Louis est accusé d’écrire pour les autres, accusé d’être écrivain mais de ne pas se servir de ce don » pour écrire aux siens, auxquels il n’envoie que des cartes postales banales et elliptiques », pas mêmes cachetées et donc visibles par tous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. C’est pour les autres16 », lui reproche sa sœur. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 10Louis est accusé de mentir, de déformer la réalité. L’écrivain est le rhapsode, celui qui met en récit – en histoires ». Du langage il fait un usage inhabituel il déforme, il trahit, il triche avec la réalité, qu’il arrange à sa guise, et cette aptitude à la tricherie est perçue comme une différence menaçante, une faute, comme l’exprime Antoine Tu vas commencer à me raconter des histoires, je vais me perdre […] peu à peu tu vas me noyer17. » L’habileté, la ruse sont donc l’apanage de Louis aux yeux de ses frère et sœur je pense que tu es un homme habile, un homme qu’on pourrait qualifier d’habile, un homme plein d’une certaine habileté »18, constate Suzanne. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repérages, in Théâtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitai ... 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 11Louis est accusé d’instrumentaliser ses proches. La relation de l’écrivain avec ses proches est forcément source de conflits car les récits sont aussi mis en récit même si c’est esquivé de la vie privée, et les proches inspirent toujours, à un moment ou à un autre, des personnages. D’où leur résistance à entrer dans le récit dans Histoire d’amour. Repérage, le Deuxième Homme et les Femmes sont surpris de la transposition de leur image, mais finalement ils trouvent l’histoire fictive plus vraie, plus crédible que la réelle19. Dans Juste la fin du monde en revanche, Antoine se révolte, résiste à l’emprise de la fiction, ces histoires pour rien, des histoires, je ne comprends rien »20. C’est pour ne pas alimenter les récits de Louis qu’il s’interdit de parler, mais quand sa parole éclate enfin, elle est celle d’un héros tragique. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, ... 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 12Enfin et surtout, Louis est accusé de n’avoir pas assez aimé. On parle donc de l’accusé à la troisième personne. On ne s’adresse pas directement à lui, comme s’il n’était pas là. Ce sentiment de disparaître en présence d’autrui, de ne plus être vraiment là, Lagarce l’a maintes fois exprimé dans son Journal21. C’est aussi ce qui marque le changement de regard qu’il porte sur le monde depuis la révélation de sa séropositivité – mais aussi avant cet événement. Dans Juste la fin du monde, Louis note Chaque lieu, même le plus laid ou le plus idiot, je veux noter que je le vois pour la dernière fois »22. Regarder les choses comme si tout était la dernière fois »23, telle sera la perspective que retiendront les spectateurs du Journal vidéo. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théâtre complet, t ... 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 13Le procès se traduit par une violence de l’accusation, qui elle-même traduit une violence sur le plan éthique. Et ceci se fit dans la violence, des mots violents, juste des mots et rien d’autre24 », dit la Mère à propos du fils chassé par le père dans J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, une pièce qui propose une variante de la figure du fils en parabole du fils prodigue. Dans les pièces de Lagarce, la violence est d’abord un phénomène de langage, qui prend toute sa place dans une dramaturgie de la parole, mais elle est aussi un phénomène éthique, lié à l’incapacité existentielle des personnages à prendre en compte la dimension de l’Autre, sans cesse ramené à la sphère du Même, au sens où l’entend Levinas. C’est bien de cette violence-là que Louis est victime réduit à une existence théorique, empêché – sauf par Catherine – de s’exprimer en son propre nom, instrumentalisé par sa mère qui lui demande de rassurer les siens, il ne peut accéder à une existence séparée qu’à travers une relation biaisée l’aparté au public dans les monologues. En dehors de cette adresse indirecte, il est réduit au mutisme et à une identité tronquée, à travers le portrait faussé que sa fratrie donne à voir de lui, rompant, par leurs jugements, la continuité de sa personne Louis ne parle pas en son nom propre. Selon Levinas, le discours de la totalité est affirmation absolue d’une subjectivité qui s’érige en juge, d’où l’abondance des jugements de valeur qui visent à réduire l’autre, à l’instrumentaliser dans le discours du Même. Dans Juste la fin du monde, Catherine s’insurge contre cette habitude selon laquelle un nouveau-né doit absolument ressembler à ses parents, et elle défend l’idée que son enfant ne ressemble à personne »25, échappant à cette logique du scandale de l’altérité qui fait du langage familial une véritable machine de guerre propre à nier les différences, voire à les réduire, ou à exclure l’individu différent. En revanche, Antoine, dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain, est dans la logique du Même Vous êtes semblables, lui et toi, et moi aussi, je suis comme vous »26, dit-il à sa sœur pour la consoler. Suzanne aussi ne veut voir en Louis que quelqu’un qui ne change pas »27. Les personnages se créent leurs propres enfermements, leurs propres citadelles comme l’évoque littéralement le titre de la pièce qui annonce Juste la fin du monde Retour à la Citadelle. Suzanne pense qu’elle n’est pas une vraie personne », n’ayant jamais eu un chez soi » hors de la maison familiale si je ne pars pas, jamais, je ne serai jamais une vraie personne, juste une enfant. C’est de cela que j’ai peur »28, confie-t-elle à Louis. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, Homosexualité transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires ... 14La violence éthique est liée au scandale de l’altérité, au discours de la totalité, au refus de prendre en compte une existence séparée, mais elle est aussi le corollaire de la peur, ce que rend très bien le film de Xavier Dolan. Tous ont peur Suzanne a peur, Antoine a peur, Louis a peur. Tu voudras me parler / et il faudra que je t’écoute / et je n’ai pas envie d’écouter. Je ne veux pas. J’ai peur29 », avoue Antoine. Parlant au nom d’un on » ou d’un tu », ne disant jamais je », Antoine s’insurge Tu crois me connaître mais tu ne me connais pas, / tu me connaitrais parce que je suis ton frère30 ? » Ce renversement de la violence mimétique constitue l’acmé de la pièce, mais aussi un moment paradoxal que Denis Guénoun a appelé l’élévation d’Antoine »31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 15C’est que, par un coup de théâtre, Antoine endosse dans la dernière partie de la pièce la figure de l’altérité, se constituant lui-même en bouc-émissaire. Et là, maintenant vous êtes là, à me regarder comme une bête curieuse32 » Toute la pièce était une fausse piste malgré les apparences, Louis n’était pas un bouc émissaire ? Qui était-il alors ? La posture du bouc émissaire est-elle si enviable ? Tout se passe comme si Louis, réduit au silence, se trouvait paradoxalement dans une position de supériorité dans la violence rituelle, la victime est en effet sacralisée. Si la parole de Louis n’a pu être entendue parce qu’elle aurait eu l’impact d’un cri dans un tunnel vide et ne pouvait qu’être une parole de la perte, en revanche, son silence a été entendu, et c’est là, sans doute, toute la force du film de Dolan d’avoir pu filmer en gros plan les visages, car le visage, selon Levinas, est le lieu de la relation juste, celle du face-à-face avec l’autre. L’abandon 16L’écriture de Lagarce développe plusieurs stratégies d’évitement de la violence et donc du tragique qui est, au sens étymologique, contamination de la violence rituelle ; n’oublions pas que la tragédie est issue du bouc – tragos – que l’on sacrifie. 33 Cité par Marie-Hélène Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, ... 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. ... 17La première consiste à faire du protagoniste principal une figure de revenant. La force, sans doute, du casting du film de Dolan, c’est d’avoir fait de Louis moins un mourant qu’un revenant. Louis n’a pas le même degré de présence scénique que les autres personnages, il est une sorte de présent-absent, mais s’il est ainsi perçu, c’est à travers la folie collective des autres personnages, qui, le privant de sa parole, le déréalisent, le dépersonnalisent, en font une figure sans doute sacrificielle, mais aussi messianique. Sur le plan de la conscience, Louis est déjà d’outre-monde, il a basculé dans une perception où manque le lointain. Une des choses les plus mélancoliques dans le rapprochement de la mort la perte du lointain », écrit Hervé Guibert dans Le Mausolée des Amants33. Mais dans la pièce, tout se passe comme si le fait de se trouver confronté au définitif la séparation, la dernière fois, la mort n’était plus seulement l’affaire de Louis, mais celle des autres. La hantise d’une nouvelle séparation les plonge en effet dans des accès de colère et de désespoir très bien rendus par le film de Dolan. Dans Juste la fin du monde, Louis est présenté comme une sorte de revenant, de ressuscité qui vient brusquement révéler aux siens leur vrai contexte existentiel le manque d’amour. D’où le sentiment de sidération, fait de trouble et d’admiration34, qui accompagne son apparition au seuil de la maison familiale. Quant à la mère, tentant de redonner à Louis sa place symbolique d’aîné que Louis refuse dans le film de Dolan, lui explique qu’il est revenu pour combler les manques existentiels de son frère et de sa sœur et leur donner l’autorisation de devenir enfin eux-mêmes 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. Suzanne voudrait partir […]. Lui, Antoine, il voudrait plus de liberté, je ne sais pas […]. Et c’est à toi qu’ils veulent demander cela, c’est à toi qu’ils semblent vouloir demander l’autorisation35. 18Or, ce qu’Antoine et Suzanne ne peuvent admettre, c’est justement admettre, c’est l’abandon au nom de leur refus de se perdre, ils s’arc-boutent contre le frère, se campent dans leurs certitudes, et sombrent dans le tragique, ce tragique contre lequel, justement, Louis lutte, tentant sans cesse d’apporter la consolation, se faisant insulter en retour 36 Ibid., p. 93. Louis. – Ne pleure – Tu me touches, je te tue36. 19Si Antoine est près de frapper son frère, c’est qu’en lui-même, contre son gré, quelque chose a été atteint. Le conflit extérieur cache un conflit interne – qui est aussi la caractéristique des héros tragiques. Ce rejet n’est pas de haine, il est la forme paradoxale d’un amour refoulé, d’une résistance qui se brise, d’un conflit intérieur qui trouve sa résolution en prenant la forme chaotique d’une conversion, d’une métanoïa opérée par la simple présence, silencieuse, de Louis. Ce moment de bascule est la conséquence de la présence négative de Louis parmi les siens, qui fait de lui une créature d’un autre monde, une sorte de figure de la résurrection. Avec le personnage de Louis, Lagarce met en œuvre le motif du retour parmi les vivants, qui nous renvoie à la Bible comme à la légende orphique 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Be ... admettre l’idée toute simple et très apaisante, très joyeuse, […] l’idée que je reviendrai, que j’aurai une autre vie après celle-là où je serai le même, où j’aurai plus de charme, […] où je serai un homme très libre et très heureux37. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarc ... 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, cité par Georges Banu dans Peter Handke le théâtre de la langue », Supplément Té ... 41 Robert Musil, L’Homme sans qualités, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. Présentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans... 20La seconde stratégie d’évitement de la violence consiste à faire bifurquer le dispositif du tragique vers le Trauerspiel. Cette pièce, comme Le Pays lointain, s’apparente à un monodrame », selon Jean-Pierre Sarrazac38, à savoir qu’elle propose un retour sur la vie d’un individu au moment de sa mort, une dramaturgie du salut, dans la lignée des mystères médiévaux. Les témoins accompagnent le parcours du mourant, ils font le récit de sa vie avant de l’enterrer. Ce dispositif dramaturgique était déjà présent dans Juste la fin du monde, mais il s’accentuera dans Le Pays lointain, où on assiste à la mise en récit exhaustive de la vie d’un homme ordinaire, comme on le ferait d’un mort mais qui n’est pas encore mort dans le but de l’ immortaliser » ça vous immortalise »39, dit le père quand il prend des photos. Le Pays lointain, en enchâssant, sur le mode du contrepoint, la première pièce dans un ensemble plus vaste, fait donc coexister les deux dispositifs, les confronte le dispositif violent le rituel du bouc émissaire présent dans Juste la fin du monde et le dispositif non-violent lié notamment à l’attitude apaisée du père, dans Le Pays lointain. Dans les deux cas, le moteur est en la logique de la perte de soi. La problématique du tragique est toujours mise en tension dans l’univers de Lagarce. Comme Peter Handke, qu’il admire tant, Lagarce pourrait dire Je suis grec40 », tant il se nourrit aux lectures des Tragiques ; mais inversement, il puise dans une autre tradition, cherchant dans l’écriture un exercice de détachement qui propose une vraie alternative au tragique ce sont les tricheries », les arrangements », mais aussi le recours au Trauerspiel dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. Il est effet deux lignées dans le théâtre occidental le théâtre tragique, hérité des Grecs, et le théâtre non-tragique, ou pré-tragique, hérité des mystères médiévaux. Walter Benjamin, dans Essais sur Brecht, définit le héros non tragique comme l’homme ordinaire, sans qualités » ohne Eigenschaften », pour reprendre le titre du chef-d’œuvre de Robert Musil41, comme le formule Louis dans Le Pays lointain, mais aussi Lagarce dans sa propre présentation de la pièce D’un seul homme, sans qualité, sans histoire, tous les autres hommes42 ». Cette volonté de décontextualiser nous rappelle que l’absence de qualité renvoie à l’absence de prédicat, au refus de la prédication caractéristique des diverses traditions spirituelles, pour désigner le point de vue de l’absolu, la recherche d’un regard de surplomb. 21Ce mode de lecture nous autorise à lire le personnage de Louis comme une figure de la perte, qui, par son aptitude au renoncement il renonce à son projet de départ, préférant bafouiller des promesses de retour, par son aptitude à l’abandon à la fois actif et passif est un personnage entre deux mondes qui donne la mesure d’un monde. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc L ... 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon à Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 22Le renoncement est une pratique ascétique qui consiste à crucifier l’amour-propre et évoque les dures lois de l’abnégation et de la pénitence. L’homme renoncé est un personnage qui hante la littérature européenne, et qui, sur le plan théâtral, s’inscrit dans la tradition du Trauerspiel, dans lequel Walter Benjamin voit la célébration de la Passion de l’homme » ou encore le drame du martyr43 ». Les dernières pièces de Lagarce consacrées au cycle du retour racontent ce parcours un homme meurt et cherche à donner à sa mort une justification, profitant de cette occasion du retour aux sources pour devenir son propre maître », c’est-à-dire devenir libre. La démarche est d’emblée présentée comme sans espérance sans espoir jamais de survivre »44, laissant entendre que le héros a renoncé aux idées de salut avant de prendre le chemin de la maison familiale. Louis est bien un martyr » au sens étymologique de témoin ». C’est bien le rôle qu’il va jouer dans sa famille il écoutera les autres. De même dans Le Pays lointain, il écoute car c’est lui qui sera au bout du compte sacrifié. Tout se passe comme si le martyr avait le pouvoir d’annuler la souffrance parce que lui-même a entièrement consenti à sa propre perte. C’est là la logique sacrificielle violente qui prône la mort-pour45 », la mort utile. Mais il est une autre forme de perte, qui n’est pas récupérable c’est l’abandon, paradigme dont le lexique de Lagarce use et abuse, faisant de tous ses personnages des figures d’abandonnés. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidéo, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 23L’abandon est un état à la fois passif et actif. Si dans sa famille, abandonner les siens est une faute, Louis a abandonné les siens et en retour, a été abandonné d’eux et en souffre ; mais il réalise, contre toute attente, que cette absence d’amour fit toujours plus souffrir les autres que [lui] »46. J’étais resté là, seul, abandonné, toutes ces sortes de choses », dit Louis au début du Pays lointain47. Cette dimension de l’abandon est très présente dans le Journal vidéo48 de Lagarce qui, au moment de la rédaction de Quelques éclaircies, cherche à gommer, effacer la figure de l’auteur pour retenir le mouvement de son seul regard posé sur les êtres et les choses, dans la fugacité du temps qui passe et génère, effacement sur effacement, cet art de la vanité, mais aussi un art du détachement mot par lequel on traduit le mot d’abandon aujourd’hui. Dans son Journal vidéo, l’œil rivé à la caméra, jouant des surimpressions d’images et de bandes défilantes de textes qui parlent de fin et de morts, Lagarce nous livre ce qu’Annie Ernaux nommerait un Journal du dehors »49. Le déplacement géographique vers Berlin permet une reconsidération de la vocation personnelle écrire contre la peur et une mise en perspective du sentiment d’abandon, qu’il traque des deux côtés de la ville, à l’Est, dans les files de gens qui reviennent à pied, depuis l’autre côté du mur, avec des sacs à commissions remplis, comme à l’Ouest, dans les terrains vagues liés à la destruction du mur. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. Seconde longue balade, hier, dans les terrains vagues de Kreuzberg, malheureusement sans caméra et j’y retournerai, et au marché polonais. Le choc le plus grand, c’est celui-là film de Wenders50. 51 Ibid., p. 291. 24Ce qu’il tente aussi de saisir, par l’écriture, par l’image, c’est le regard de surplomb de l’ange Derrière chacun de nous, au milieu de nous, se promènent des anges qui écoutent nos pensées, nous posent parfois la main sur l’épaule pour nous apaiser et que seuls les enfants peuvent voir51 ». 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 25L’abandon est un état de conscience paradoxal une tentative de conciliation des contraires. C’est comme la nuit en pleine journée »52, dit Louis au début de l’Intermède. L’abandon est ce qui caractérise le contexte de l’Intermède, qui vise à produire un déplacement, dans l’espace et dans le temps, mais surtout dans la conscience du spectateur. C’est Antoine qui décrit le contexte des deux pièces, un contexte qui ramène aux conditions symboliques d’un état de conscience quasiment intenable pour l’être humain, à savoir le lieu de la coïncidence des contraires la nuit lumineuse. C’est ce contexte symbolique que Xavier Dolan a tenté de suggérer de manière réaliste dans son film, par le travail des lumières et des contre-jours, et par la trouvaille de cette idée d’une chaleur caniculaire. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, Présentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiétude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 2 ... 55 Ce concept a été forgé par Maître Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’at ... 26L’abandon est aussi un choix, un acte de volonté le choix de la non-violence, porté jusque dans la peur, jusque dans la souffrance-même. Cette volonté paradoxale, Lagarce la mentionne dans le synopsis du Pays lointain, où il affirme vouloir raconter la violence, comme étrangère53 », la mettre à distance par l’écriture. C’est pourquoi dire ce refus de l’inquiétude » jusque dans l’inquiétude-même, est son premier engagement54 », comme il le formule de manière paradoxale ce refus de l’inquiétude n’est autre qu’une recherche du détachement, de l’indifférence positive, de la Gelassenheit55 qui est aussi la définition d’une liberté sans protocoles différente du libre-arbitre, c’est la liberté du libéré dans la vie » qui ne possède rien et n’est possédé par rien. Il est certain que le succès des pièces de Lagarce et de Juste la fin du monde vient de ce qu’elles nous rattachent au fonds anthropologique de l’humanité. Aussi la figure de Louis, comme les autres figures d’écrivains de ses pièces, est-elle moins une figure d’abandonné qu’une figure de dépossédé. C’est ce qui fait que l’écriture de Juste la fin du monde a sans doute été nourrie par des souvenirs de cinéma, et s’apparente à des œuvres telles que Le Sacrifice de Tarkovski, film qui a bouleversé Lagarce au moment de sa sortie, parce qu’il parle de la fin du monde, mais d’une fin du monde au sens d’une apocalypse, au sens étymologique de renversement des apparences, de révélation de réalités cachées. Un film testamentaire 1986 puisque le cinéaste est mort quelques mois après. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. C’est magnifique, C’est magnifique et les images restent dans ma tête. Éprouvant aussi. Les acteurs sont excellents la comédienne qui joue la femme de Josephson notamment. C’est cela par-dessus tout que j’aimerais pouvoir Tarkovski est mort. Je n’ai vu qu’un film sur les huit qu’il a tournés, Le Sacrifice, mais ce fut essentiel, je crois. Sa manière de filmer, de raconter, de nous parler de Dieu, de notre croyance ou de notre refus de croire. Sans exagérer, c’est un des films qui me marquèrent le plus et qui me firent voir les choses – le cinéma – différemment57. 58 Voir Paul RicŒur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identité l ... 27À la fin du Sacrifice, Alexandre, le protagoniste principal, brûle sa maison, acte symbolique de dépouillement, d’abandon. De même, à la fin de Théorème de Pasolini, le père traverse sa propre usine en se dépouillant peu à peu de ses vêtements, dans une ultime et symbolique marche au désert. Ces deux scènes finales, très fortes, qui marquent l’entrée des personnages dans la vie spirituelle montrent l’abandon comme un acte, une forme d’engagement paradoxal. Celui qui se sent abandonné pratique à son tour l’abandon, à savoir qu’il abandonne les prérogatives de son égo, les qualités », mais aussi, au sens où l’entend Paul Ricœur, ses propriétés »58, ou encore, au sens où l’entend Kafka – dont Lagarce était grand lecteur – , ses possessions » Besitz ». Celui qui n’a plus rien en propre entre dans la condition spirituelle car sa perception du monde est débarrassée des discours et des représentations qui lui obstruent la réalité ; la démarche de l’abandon est une démarche paradoxalement constructive et critique elle consiste à apprendre à désapprendre. Portant ce regard à partir de la contemplation de la mort, qui est la condition humaine fondamentale, Lagarce, refusant d’une certaine mesure le divertissement pascalien, invite à regarder la vie à partir de la mort, à se concentrer sur cette condition physique et métaphysique fondamentale. Ce qui est troublant dans Le Pays lointain, c’est cette réplique d’Antoine racontant à son père qu’il fait toujours le même rêve, qu’il ramène à sa colère contre lui, une colère sacrée, la colère de l’insanitas paulinienne 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. le même rêve, semblable, où je songe à tout détruire de ce qui m’appartient, juste cela, ce qui m’appartient, le réduire en cendres, les affaires qui sont les miennes, les objets, les choses que j’ai achetées pour ma femme, pour moi et pour ma femme et pour mes enfants, n’en plus rien garder59. 28Il aimerait se vider de sa colère contre son frère, se délivrer de cette colère, et pour ce faire, abandonner ses possessions – au sens où l’entend Kafka dans le chapitre 8 du Château où K., le protagoniste, découvre une liberté sans protocoles, celle du libéré dans la vie, qui ne possède rien et qui n’est possédé par rien. 60 Franz Kafka, Le Château, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voi ... Malgré tout ce qui s’était passé, il éprouvait le sentiment que ce qu’il avait obtenu jusqu’ici constituait une sorte de possession qu’il ne conservait sans doute qu’en apparence mais qu’il ne devait pas abandonner sur l’ordre de n’importe qui60. 29Cette pratique de l’abandon ne doit pas se faire sur l’ordre de n’importe qui ». Ainsi, quand la mère annonce à Louis que son frère attend de lui qu’il le libère, qu’il l’autorise à être libre, c’est bien de l’abandon comme engagement personnel qu’il s’agit, et le rapprochement avec le texte de Kafka est pour le moins bouleversant personne n’a porté son attention sur le double langage de Lagarce, et pourtant, ce souci de précision qui est le sien dans l’usage des mots, que leur sens à la fois philologique et philosophique précède, aurait pu nous avertir. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. Je viens du livre. Je viens de l’analyse du texte […]. Mon propos n’est pas fait d’eau tiède. J’ai étudié la sémiologie, la linguistique, la philosophie. Je viens de la valeur du texte. Je m’intéresse à la signification du signe et du code61. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siècle. Textes du séminaire du Professeur Carlo Ossola ... 30Ce qui est certain, c’est que le lexique de Lagarce témoigne d’une recherche sur la sémantique des mots, qui amène une résurgence de sens anciens – spirituels – dont les dictionnaires indiquaient qu’ils étaient tombés en désuétude, recouverts sous des acceptions juridiques ou autres – c’est le cas notamment du mot abandon »62. Ainsi, l’obsession de l’autocorrection lexicale cache peut-être une autre ambition, quasiment archéologique, qui joue avec les strates du sens, et tente de remettre au goût du jour un lexique oublié, propre à décrire la vie intérieure. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. 32. 31De Juste la fin du monde au Pays lointain, les perspectives se sont déplacées. Le jeu des réécritures a effectué un déplacement du temps vers l’espace dans le choix des titres la notion de limitation temporelle fin du monde » a été remplacée par celle d’illimitation spatiale lointain ». C’est toujours une extrémité qui est désignée, mais, comme le rappelle Carlo Ossola, la littérature déploie le temps humain comme un espace ». La réécriture de Juste la fin du monde en Le Pays lointain est une manière de réintroduire de l’explicite au sein du vaste système de l’implicite qui caractérise les pièces de Lagarce, en affirmant l’importance du théâtre comme un monde venant supplanter le huis-clos familial, comme en témoigne le joyeux travail de répétition exposé dans Le Pays lointain, qui est une réécriture de l’espace de Juste la fin du monde aux dimensions d’un plateau de théâtre, où rien n’est à sa place. La scène n’est pas un monde, pas plus que le monde n’est une scène », écrivait Peter Handke63. Mais là où le théâtre joue sur le métalangage, la chute du 4e mur et la métathéâtralité, le cinéma de Xavier Dolan prend pour sujet les visages, tord les corps et révèle au plus près la dynamique paradoxale de la perte qui sous-tend la dramaturgie et le lexique de Lagarce. 32Dans Le Pays lointain, le refus du tragique va de pair avec l’affirmation des valeurs telles que celles d’abandon, qui offrent une alternative au sacrifice rituel en faisant du personnage le lieu de la réconciliation des contraires, de même que la pièce insère le drame du langage drame familial à l’intérieur du Trauerspiel, ou récit de vie collectif d’un mort qui était un homme ordinaire, un homme sans qualités. L’écriture est donc bien, chez Lagarce, non seulement un processus qui se déroule, qui se décrit sous nos yeux, mais aussi un exercice de détachement, qui fait de l’écriture le thème de ses pièces l’écriture comme mythologie est constitutive d’une dramaturgie. 33La perte est ce qui définit l’espace de l’écriture, mais aussi le système des relations entre les personnages à travers le protagoniste écrivain, enfin, le regard porté sur le monde par l’écriture. Elle est donc au croisement des perspectives linguistique, dramaturgique et anthropologique, par la recherche désespérée du mot juste, de la relation juste, du regard juste. Autant de mises en œuvre d’une quête qui a absorbé, voire sans doute dépassé – dépossédé ? – son auteur l’écriture comme exercice spirituel de détachement, comme épochè ». En même temps, cette œuvre expose une manière d’être au monde qui réfute les discours d’autorité et de pouvoir au nom des valeurs négatives d’impouvoir, d’involonté, de passivité, d’abandon, propres à aider son auteur à faire face à ce qu’il vivait, ce qui rattache son œuvre à un fonds anthropologique de l’humanité. En effet, le parcours sémantique à travers les trois paradigmes lagarciens d’impuissance, de sacrifice, d’abandon nous font passer du lexique de la création littéraire à celui de l’anthropologie pour déboucher sur la langue de la vie intérieure, qui est notre legs commun et que Lagarce tente de revivifier, invitant le spectateur à un retour sur soi. Haut de page Notes 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théâtre entre présence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le compte rendu de Béatrice Jongy-Guena sur le site Fabula. 2 M’intéressant aux dramaturgies de la parole, je mène ce type d’approches à propos de l’écriture de Beckett, de Novarina. Voir Lydie Parisse, La Parole trouée. Beckett, Tardieu, Novarina, Lettres Modernes, Minard, 2008. Rééd. Classiques Garnier. 3 Dans mon ouvrage, je replace d’ailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise du langage telle que l’a analysée le linguiste Georges Steiner, se situant dans la tradition de la philosophie des langues. Voir mon analyse dans Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 19-68. Voir aussi mon article paru dans un ouvrage à destination des agrégatifs Jean-Luc Lagarce. Une dramaturgie de la parole “trouée”. La langue en défaut, le réel en défaut. Réflexions sur Derniers remords avant l’oubli », Béatrice Jongy dir., Les Petites Tragédies de Jean-Luc Lagarce, Dijon, Éditions du Murmure, 2011, p. 47-76. 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques contemporains », 2012, p. 67. 5 René Girard, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, op. cit., p. 116-120. 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théâtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théâtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute à Vinaver, Paris, Nathan, Université, Lettres Sup, 2002, p. 188. 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 Joël Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Éric Duchâtel dir., Juste la fin du monde. Nous les héros, Scérén-cndp, Baccalauréat théâtre », 2007, p. 49. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 271-297. 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 16 Ibid., p. 38. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire d’amour repérages, in Théâtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014, p. 145. 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, Cette impression, vous savez, quand on vous fait des compliments, qu’on parle devant vous ; comme si vous étiez mort ». 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 24 Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, in Théâtre complet, tome iv, p. 258. 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuÉnoun, Homosexualité transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 33 Cité par Marie-Hélène Boblet, Écriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, janvier-février 2010, p. 41. 34 Suzanne parle d’ une certaine forme d’admiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 359 qu’ils ressentent à son égard. Plus qu’intimidée, Catherine est troublée », comme le fait remarquer Antoine Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 31 et Le Pays lointain, op. cit., p. 348. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. 36 Ibid., p. 93. 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 22. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op .cit., p. 277. 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, cité par Georges Banu dans Peter Handke le théâtre de la langue », Supplément Télérama n°3312, festival d’Avignon 2013, juillet 2013, p. 17. 41 Robert Musil, L’Homme sans qualités, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. Présentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans Le Pays lointain, op. cit., p. 281. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op. cit., p. 271-297. 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon à Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidéo, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. 51 Ibid., p. 291. 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, Présentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de l’inquiétude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 21. 55 Ce concept a été forgé par Maître Eckhart, et signifie, comme l’expliquent ses traducteurs, l’attitude de qui, sans rien ajouter aux choses, les “laisse être” selon leur vérité, dans le dynamisme de leur origine. C’est sans doute la forme dernière d’une liberté qui se refuse à toute manipulation ou recréation démiurgique. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean LabarriÈre, préface à Maître Eckhart, Du Détachement et autres textes, Paris, Payot, Rivages poche / Petite Bibliothèque », 1995, p. 23. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. 58 Voir Paul RicŒur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1985. L’auteur oppose deux modes de l’identité la mêmeté » l’identité en tant que propriétés », ou rôles et l’ ipséité » l’identité en tant que singularité. 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. 60 Franz Kafka, Le Château, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voir le détail de mon analyse dans Lagarce. Un théâtre entre présence et absence, p. 151. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siècle. Textes du séminaire du Professeur Carlo Ossola au Collège de France, textes présentés par François Trémolières, Turin, Nino Argento Editore, Europa restituta » Collège de France, 2004. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, L’Arche, 1966, p. de page Pour citer cet article Référence papier Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et négativité », Skén&graphie, 5 2018, 81-97. Référence électronique Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus d’écriture et négativité », Skén&graphie [En ligne], 5 2018, mis en ligne le 01 janvier 2019, consulté le 26 août 2022. URL ; DOI de page
Piècemaîtresse des découvertes de 1996 : un travail d'ensemble intitulé « De l'essence double du langage », qui vise à constituer une « Science du langage », et à l'inscrire, par un effort critique, dans une philosophie des sciences. La principale idée forte de cette suite de fragments est que toute analyse linguistique repose sur des oppositions qui dégagent des valeurs. []
IRéflexion sur l'intitulé du parcours crise personnelle, crise familiale » L'intitulé du parcours crise personnelle, crise familiale » suggère un lien logique, de cause à effet, entre la crise personnelle et la crise familiale. Le mot crise » connote la soudaineté dans l'apparition d'un état de trouble qui peut durer et provoquer des mot crise » vient du latin crisis qui signifie action de juger, de choisir, de séparer ».On parle de crise » pour décrire les tensions qui font souffrir un individu crise identitaire, de l'adolescence, de la cinquantaine ou qui déchirent les hommes dans leurs relations humaines crise générationnelle, ou lors d'un paroxysme d'une maladie crise cardiaque ou dans le cas d'un problème étendu à tout un groupe crise sanitaire, crise politique, crise économique. La crise » est à la fois le résultat de tensions, qui explosent à la vue de tous, et un déclencheur de répercussions, qui sont autant de nouvelles crises. La crise met en lumière les fractures d'une personne ou d'un groupe et peut mener à des ruptures. Cela peut aussi être l'origine d'un la pièce Juste la fin du monde, la crise personnelle traversée par Louis, qui va mourir vers l'âge de 34 ans, déclenche la crise identitaire de sa fratrie chacun se laisse emporter par ses émotions et prend le risque de faire rompre les liens familiaux. Les rivalités fraternelles amènent la mère à s'interroger sur l'amour et le lien filial, déclenchant une crise familiale, qui pose la question de la place de chacun dans le cercle familial et de la transmission d'un héritage à la descendance. Ce thème est universel, on le trouve déjà dans la Bible. La parabole du fils prodigue et du fils aîné », Évangile selon Saint-Luc, Bible, chapitre 15, versets 11 à 32 La parabole du fils prodigue et du fils aîné » est un texte issu de la Bible, qui n'est pas sans rappeler la pièce de Jean-Luc Lagarce. Dans ces extraits, les liens fraternels sont mis à rude épreuve. Une crise familiale est causée par le retour du frère, comme dans Juste la fin du monde avec le retour de Louis. La famille n'en a plus que pour le nouvel arrivant. Dans ce texte, le fils aîné rappelle les erreurs de son frère, comme le fera Antoine. L'intitulé du parcours invite à se poser les questions suivantes Comment une crise personnelle peut-elle déstabiliser une famille tout entière ? Le silence est-il plus signifiant que les mots dans la conversation entre membres d'une même famille ? Que nous révèlent les non-dits et les confidences sur les tensions familiales ? En quoi la famille est-elle propice à un huis clos tragique ? La fraternité est-elle une passion ? Peut-on exister sans famille ? La famille n'est-elle qu'un mythe entretenu par ses membres ? Partager les liens du sang engage-t-il les membres de la famille les uns envers les autres ? Liens du sang, maladie du sang, héritage, descendance quels sont les déclencheurs de crise ? En temps de crise, faut-il fuir ? IIJean-Luc Lagarce auteur de Juste la fin du monde Jean-Luc Lagarce est un écrivain et metteur en scène français issu d'une famille modeste. Très tôt, il se met à écrire des pièces de théâtre. Cependant, ses mises en scène rencontrent souvent plus de succès que les pièces qu'il écrit. Il continuera d'écrire et de mettre en scène jusqu'à ce que son traitement contre le sida devienne trop lourd et que la maladie l' parents de Jean-Luc Lagarce sont des ouvriers de l'usine automobile Peugeot. Aîné de trois enfants, il grandit en province dans le Doubs et reçoit un enseignement religieux protestant. Il fait partie des éclaireurs », scouts de cette confession. Lors d'un concours départemental, il est primé pour un poème adressé à sa mère. Dès la 4e, au collège, il commence à écrire un texte en lien avec le théâtre de boulevard texte perdu. Lors d'une sortie scolaire organisée par son lycée, il a une révélation lors d'une représentation de la pièce Sarcelles-sur-mer de Jean-Pierre Bisson. Après son baccalauréat, il s'inscrit à la faculté de philosophie de Besançon et au conservatoire régional dramatique de la 1977, il rédige un journal qui donne des renseignements sur sa vie et son écriture. À cette époque, il crée une troupe de théâtre amateur Le Théâtre de la Roulotte, en référence à Jean Vilar. Il adapte l'Odyssée et crée une pièce intitulée Carthage, encore. Il obtient sa licence de philosophie avec 1980, sa troupe La Roulotte devient professionnelle. Sa pièce La Place de l'autre est diffusée à la radio France Culture. Il choisit comme sujet de Maîtrise Théâtre et pouvoir en Occident » mais abandonne ses études et son projet de thèse pour se consacrer au théâtre et à la mise en Vagues souvenirs de la peste 1983, il utilise le signe typographique … qui lui est personnel. En 1984, il s'installe à Paris. Il adapte et met en scène Les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon fils. En 1985, il est responsable d'une importante production Hollywood » avec des acteurs extérieurs à sa troupe, notamment Daniel Emilfork. Ce spectacle est salué par la critique. De Saxe, sélectionné pour Le Printemps du théâtre, est un désastre professionnel et financier. Il réécrira ce texte que personne n'avait acheté sous le titre Les Prétendants. Grand lecteur et amateur de films, il écrit des chroniques sous le pseudonyme de Paul Dasté pour Le Point ou 1988, il apprend qu'il est séropositif et commence une thérapie AZT. Il poursuit ses activités il met en scène sa pièce Music-hall, écrit Quichotte pour un opéra jazz. Malgré son dynamisme, sa compagnie reste économiquement fragile. Sa troupe n'a pas de théâtre 1990, le Théâtre Ouvert lui consacre un parcours. Lauréat d'une bourse Villa Médicis hors les murs », il voyage à Berlin où il termine Juste la fin du monde. Il entreprend de monter un journal vidéo. Il met notamment en scène une pièce de Georges Feydeau On purge bébé et La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco qui lui valent un immense succès. Il crée Les Solitaires intempestifs en 1992. À cette époque, ses défenses immunitaires sont très affaiblies il est hospitalisé en urgence. Au sein de La Roulotte est créée une maison d'édition, Les Solitaires intempestifs, pour publier les pièces qu'il apprécie comme celles d'Olivier Py ou Élizabeth 1993, son écriture fait l'objet d'une soirée au Centre Pompidou, mais c'est comme metteur en scène qu'il est davantage reconnu. Il met en scène Le Malade imaginaire de Molière, un autre immense succès et une tournée très appréciée. Son traitement est de plus en plus lourd et il va très souvent à l'hôpital ; cela l'empêche de mettre au jour son projet Nous, les héros inspiré de Kafka. La nouvelle de sa maladie est évoquée dans la presse. En 1994, il monte la pièce Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne pour la comédienne Mireille Herbstmeyer, seule en scène. Les commandes affluent. Pour la Revue esthétique, il rédige un article intitulé Du luxe et de l'impuissance » qui réunit ses différents articles et éditos. Il est un metteur en scène reconnu, notamment pour les pièces du répertoire classique comme L'Île des esclaves de Marivaux. En 1995, la maladie progresse et l'empêche de suivre correctement les tournées. Une émission de Lucien Attoun lui est consacrée sur France Culture. Invité du Ruban rouge lors du festival d'Avignon, il évoque, dans cette émission télévisée consacrée au sida, sa vie avec sa maladie. Il décède en septembre 1995 et, conformément à son testament, il est incinéré dans la stricte intimité. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise à Paris. IIIPrésentation de l'œuvre AL'histoire de la pièce Juste la fin du monde n'est pas une pièce comprise lors de sa publication et ne rencontre donc aucun succès. Ce n'est qu'à la mort de Jean-Luc Lagarce que Joël Jouanneau la monte et attire l'attention sur celle-ci elle est alors éditée et traduite en quinze langues. La pièce entre dans le répertoire de la Comédie-Française et se retrouve au programme du un premier temps, la pièce ne trouve pas son public. Après le décès de Jean-Luc Lagarce en 1995, elle suscite un nouvel intérêt Joël Jouanneau décide de la pièce est alors éditée aux Solitaires intempestifs une seconde fois dans un des volumes Théâtre complet consacré à Lagarce en 2000. C'est la reprise par le Théâtre national de la Colline qui provoque un succès public et critique enthousiaste. La pièce est traduite en anglais et en allemand en 2001, puis dans treize autres langues. Les mises en scène se multiplient dans le monde entre 2001 et 2006. En 2007, une nouvelle édition corrigée est proposée à partir d'une comparaison de ce texte à celui de Pays lointain. Nommée aux Molières 2008, la mise en scène de François Berreur est l'objet d'une captation par la chaîne de télévision franco-allemande Arte. En 2008, la pièce entre au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène de Michel Raskine qui reçoit le Molière du meilleur spectacle. Le texte est au programme du baccalauréat option théâtre de 2008 à 2010. En 2012, il est au programme de l'agrégation de pièce est aussi adaptée pour le cinéma, notamment par Xavier Dolan en 2016, avec Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Nathalie Baye, Léa Seydoux et Marion Cotillard. Ce film reçoit le grand prix du Festival de Cannes et est diffusé dans le monde entier. BLe résumé de la pièce 1Le prologue et l'acte I Le ton de la pièce est donné dans le prologue, avec l'annonce de la mort de Louis. Il souhaite annoncer sa maladie et son diagnostic à sa famille. Cependant, dès l'acte I, une première crise familiale est déclenchée par la mère. Elle dépeint un tableau sombre de ce qu'est devenue la famille. Louis essaie d'avouer la raison de sa venue à son frère, mais ce dernier, sur la défensive, ne le laisse le prologue, Louis annonce sa mort prochaine et son désir de se confier à sa famille en retournant à ses côtés. Dans l'acte I, Suzanne présente à Louis, Catherine, sa belle-sœur, épouse d'Antoine. La mère s'étonne qu'ils ne se connaissent pas et déclenche une première crise entre les membres de la famille. Suzanne est surprise que son frère soit venu en taxi depuis la gare plutôt que de l'avoir appelée pour qu'elle vienne le chercher. Lors d'un échange banal avec son frère Antoine, Louis dit aller bien il ne dit rien de ce qui l'amène. Catherine s'aventure à parler de leurs enfants, à Antoine et à elle. Elle tente de justifier le fait d'avoir appelé leur fils Louis. Le thème de la descendance fait ressortir le fait que Louis n'a pas d' aussi est très bavarde elle veut tout raconter à Louis. Antoine est irrité par son verbiage elle cherche à tout prix à évoquer des souvenirs communs. Louis n'a pas non plus partagé les moments de la mort du père. Suzanne souffre de ne pas avoir son propre foyer elle vit avec leur mère. La mère continue de vouloir rappeler le passé les promenades en voiture le dimanche, les congés, les pique-niques. Elle ajoute que les garçons n'ont plus voulu venir en la scène 5, Louis se remémore le moment où il a décidé de retrouver sa famille après un mauvais rêve, une peur de ne plus être aimé. Catherine, toujours blessée par l'attitude d'Antoine qui l'a fait taire, se vexe d'une réponse de Louis le contact n'est plus aussi joyeux qu'au moment de leur rencontre ; les maladresses ont rompu la confiance qui naît de la nouveauté. Suzanne en profite pour dresser le portrait de Catherine dès qu'elle a le dos tourné. Louis n'apprécie pas. Sa mère lui dresse un bilan sombre de ce qu'est devenue la famille. À nouveau, Louis plonge dans l'introspection avec une pensée plus précise de la mort qui l'attend. Il décide de parler à Antoine car c'est son frère mais celui-ci est sur la défensive il juge que son frère parle toujours pour ne rien dire ou invente des choses qu'il ne comprend pas. Antoine lui dit qu'il est le contraire il se taisait pour donner l'exemple à la famille qui parle trop. 2L'intermède, l'acte II et l'épilogue Durant l'intermède, Louis se renferme. Il prend de plus en plus conscience de sa mort. Dans l'acte II, il décide de retourner à Paris. Une nouvelle dispute éclate lorsqu'il faut décider qui va le raccompagner à la gare. Cette dispute se retourne finalement contre Antoine, le frère cadet, qui va ensuite exposer ce qu'il ressent vis-à-vis de Louis, le frère aîné. Dans l'épilogue, Louis déclare n'avoir qu'un seul regret ne pas avoir crié, ne pas avoir pu se libérer avant de l'intermède, Suzanne et la mère ont entendu les éclats de voix. Suzanne tente de dire que c'est l'amour qui mène à ces discussions passionnées. Louis se renferme car il se dit à lui-même qu'il ne peut plus tomber amoureux car il va mourir. La famille se met en quête de Louis comme si elle ne le trouvait plus. Dans l'acte II, Louis décide finalement de repartir à Paris. Une dispute à l'intensité tragique éclate car Antoine veut le raccompagner à la gare, ce qui provoque la colère de Suzanne qui veut le faire elle-même. Louis se plaint de la possessivité de sa sœur et de la pression qu'on exerce sur lui pour qu'il reste. Cela se retourne contre Antoine à qui l'on reproche ce retour précipité en le traitant d'homme brutal. En réaction, Antoine cède à la colère et accuse toute la famille de le faire culpabiliser. La mère intervient pour dire à Antoine que personne ne lui en veut. Antoine prend alors longuement la parole pour exprimer son ressenti envers son grand frère Louis il reproche à Louis d'avoir toujours dit qu'il n'était pas aimé par la famille ; il expose les conséquences que cela a eu sur sa vie, le fait qu'il a dû prendre sur lui ce malheur supposé de son frère aîné. Il insiste sur la prévenance qu'il a toujours eue pour lui et qu'il considère comme de l'amour. Il reproche à son frère son départ loin de la famille et son silence. Selon lui, rien ne l'atteint. Au contraire, Antoine se sent coupable du malheur supposé de son frère. Antoine annonce qu'il a tout dit et qu'il n'en parlera plus. Louis a une réaction l'épilogue, Louis, seul, apporte la conclusion à cette évocation de sa famille il parle depuis un espace/temps flou, celui de sa mort, d'un départ définitif. Il veut seulement se remémorer la solitude d'une promenade, au bord de la voie ferrée, la nuit, où il aurait pu se libérer dans un hurlement. Mais il précise qu'il n'a pas crié et que seuls ses pas ont remplacé, par leur bruit, l'absence du cri. Il n'a que ce seul regret. CLes personnages principaux La pièce évolue autour de cinq personnages principaux qui font partie de la même est le protagoniste principal de la pièce, il a 34 ans. C'est le frère aîné qui porte le même prénom que son père décédé et que son neveu, fils d'Antoine et de Catherine. Il vit un drame personnel il va mourir dans l'année et veut le confier à sa famille dont il s'est éloigné. Il revient donc chez sa mère pour l'annoncer, mais en sa sœur, a 23 ans. Célibataire, elle vit chez sa mère. Elle rêve d'être autonome et conduit sa voiture. Bavarde, elle cherche sa place entre ses deux frères plus âgés. Elle idéalise son frère aîné Louis et ne s'entend pas avec Antoine, qu'elle juge son frère, a 32 ans. Bien qu'il ne soit pas l'aîné, le départ de Louis l'a hissé à cette place. Marié à Catherine, il a deux enfants dont le garçon, nommé aussi Louis, est l'héritier de la famille. Antoine se sent responsable et culpabilise de tous les événements qui frappent la famille. Il a une relation ambivalente avec Louis et ne supporte pas Suzanne. Il coupe la parole à sa femme la femme d'Antoine, a 32 ans. Elle occupe une place importante au début de la pièce car elle veut faire connaissance avec son beau-frère mais elle ne parvient pas à sympathiser avec lui. Leur relation est distante, ce qui provoque les moqueries de Suzanne et la colère d'Antoine. Catherine s'efface dans cette famille dont elle ne partage pas les liens du mère, qui n'est pas nommée, a 61 ans elle évoque sans cesse le passé pour essayer de trouver des souvenirs communs à la fratrie. Mais ses tentatives d'apaisement restent vaines. Elle s'interroge sans cesse sur les tensions familiales et évoque la mort du père. DLes thèmes principaux Cette pièce comporte trois thèmes principaux le renouvellement du théâtre, le drame familial et le texte testamentaire. 1Le renouvellement du théâtre Jean-Luc Lagarce ne puise pas son inspiration dans la tradition théâtrale de son époque, mais plutôt dans une tradition antérieure. Ce n'est pas l'intrigue qui importe le plus mais plutôt la portée des mots et l'exploration de l'instant présent. Cela explique la présence de nombreux monologues dans la et Ionesco créent le théâtre de l'absurde au XXe siècle qui montre l'incommunicabilité entre les êtres. Le théâtre de Lagarce puise son inspiration dans la tradition théâtrale antérieure, chez Tchekhov théâtre russe ou Maeterlinck drame symboliste, qui remettent en question la nécessaire intrigue au profit des mots porteurs d'un certain onirisme et d'une exploration de l'instant présent. Ainsi, les phrases sont-elles elliptiques et empreintes de poésie, construites autour de répétitions qui mettent en valeur des monologue est particulièrement utilisé dans la pièce. Monologue Le monologue est le fait de parler seul en scène, en s'adressant à soi-même et/ou aux spectateurs. Dans la pièce, trois monologues de Louis fournissent des éléments d'analyse sur ce qui agite sa famille et sa conscience. Le prologue, précédant l'entrée du chœur, permettait de présenter le sujet de la pièce lors de l'Antiquité. Ce peut être aussi le début d'un ouvrage alors que l'épilogue désigne la fin d'un ouvrage littéraire. 2Un drame familial C'est avec Victor Hugo que le drame connaît son apogée. Il met en scène un homme confronté à des difficultés et se termine par une mort qui aurait pu être évitée. La mort de Louis, elle, est inévitable et le fait revenir auprès des siens. C'est à ce moment-là que le drame de la pièce se montre Louis est pris dans une famille étouffante et envahissante, avec laquelle il ne parvient plus à drame est synonyme de crise » en français. Au théâtre, le drame est créé au XVIIIe siècle par Diderot et connaît son apogée sous l'ère romantique avec notamment Victor Hugo. Il dépeint un univers souvent bourgeois, qui s'émancipe des codes de la comédie et de la tragédie des aristocrates dont l'hégémonie et la croyance en un au-delà qui dirige le sort des êtres humains sont passés. Le drame montre un homme, parfois issu du peuple, aux prises avec les difficultés de la vie, confronté au pouvoir, à l'amour proscrit ou à une condamnation injuste. Le drame se termine par une mort qui aurait pu être évitée suicide, meurtre, coups du sort.Louis fait figure de marginal au sein de sa famille. C'est pourquoi il la fuit tout en étant attiré en son sein par la fatalité née des liens du sang et de l'éducation. La famille est un groupe dappartenance qui s'impose et que l'on ne choisit pas. C'est le lieu où l'on devrait pouvoir être et parler sincèrement. Toutefois, la promiscuité, l'impossible préservation de son intimité au sein du cercle familial étouffant, fait de la famille un puissant catalyseur tragique où la mort d'une génération appelle la disparition de la suivante, comme le suggèrent les Labdacides Œdipe et les Atrides Oreste. 3Un texte testamentaire La dimension testamentaire du texte est annoncée dès le titre qui annonce la fin d'un monde, celui de Louis. La mort est omniprésente dans la pièce avec la mort du père qui s'appelle également Louis et la mort du héros. La mort semble peser comme une ombre sur le neveu de Louis, également prénommé Louis. La maladie contamine tous les liens Ulysse qui est sans cesse éloigné de Pénélope dans l'Odyssée, comme le mythe du retour vengeur d'Oreste, comme le fils prodigue dans l'Évangile de Luc, Louis permet d'aborder combien le retour est toujours une épreuve qui contraint à s'expliquer de tout changement à ceux qui sont restés et qui oblige à mesurer le temps passé et si on l'a bien titre est une allusion à l'Apocalypse, la fin du monde citée dans la Bible, dont l'étymologie grecque tend à l'assimiler à une révélation. Ici, on peut considérer que, pour Louis, sa propre mort est une fin du monde. La mort hante ce drame la mort du père annonçant celle du fils qui porte le même nom et faisant peser sur le petit-fils, lui aussi nommé Louis, une fatalité tragique rapportant le texte au sida, on peut lire le texte comme une révélation à teneur autobiographique la découverte de la séropositivité est comme une fatalité tragique qui contamine tous les liens familiaux même dans le titre de la pièce était au tout début du projet Les Adieux. Lagarce a également donné ce titre à son roman intitulé auparavant Mes deux dernières années. C'est lors de sa résidence à Berlin qu'il achève la pièce et lui donne le titre définitif Juste la fin du monde. Par effet de ressassement et au fil de réécriture, la pièce Juste la fin du monde trouvera son écho final dans Pays lointain. ALe prologue LOUIS. – Plus tard‚ l'année d'après– j'allais mourir à mon tour –j'ai près de trente-quatre ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai‚l'année d'après‚de nombreux mois déjà que j'attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚de nombreux mois que j'attendais d'en avoir fini‚l'année d'après‚comme on ose bouger parfois‚à peine‚devant un danger extrême‚ imperceptiblement1‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l'ennemi et vous détruirait aussitôt‚l'année d'après‚malgré tout‚la peur‚prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚malgré tout‚l'année d'après‚je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision– ce que je crois –lentement‚ calmement‚ d'une manière posée– et n'ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n'ai-je pas toujours été un homme posé ?‚pour annoncer‚dire‚seulement dire‚ma mort prochaine et irrémédiable3‚l'annoncer moi-même‚ en être l'unique messager‚et paraître– peut-être ce que j'ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j'ose me souvenir –et paraître pouvoir là encore décider‚me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas trop tard et tant pis‚me donner et donner aux autres une dernière fois l'illusion d'être responsable de moi-même et d'être‚ jusqu'à cette extrémité4‚ mon propre maître. »1 Imperceptiblement qui est très difficile à percevoir, qui échappe à l'attention de celui qui Posé calme, réfléchi, Irrémédiable irréparable, sans solution, qui n'a pas de Extrémité le bout, la fin ou l'état critique. Synonyme de mort ». Le champ lexical tragique de la mort. La temporalité énigmatique du prologue. Le thème du retour. La description de Louis par lui-même. Le prologue - monologue adressé aux spectateurs. Répétitions et épanorthoses figure de style qui consiste à corriger ce qui vient d'être dit. Mouvements du texte Premier mouvement, l'annonce de sa mort par Louis du début jusqu'à prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚/malgré tout‚/l'année d'après, ». Deuxième mouvement, la présentation de l'intrigue du retour dans sa famille de je décidai » jusqu'à l'unique messager ». Troisième mouvement, le sens que Louis donne à ce projet de et paraître » jusqu'à la fin. L'essentiel à retenir du texte Un prologue pour l'exposition Louis, seul en scène, présente le drame qui va se jouer ensuite, directement aux spectateurs, à travers un prologue qui sert d'exposition théâtrale le personnage principal précise le temps un an avant sa mort et la nature de l'action le retour dans sa famille pour annoncer sa mort prochaine. Le brouillage des repères dans la présentation du personnage et de l'action Toutefois, en observant les compléments circonstanciels de temps et la conjugaison des verbes, on note un brouillage déréalisant Louis annonce sa mort future sur un ton qui suggère que sa voix s'élève d'outre-tombe plus tard, l'année d'après, j'allais mourir ». Il se décrit comme l'unique messager » de sa propre mort et explique pourquoi il va retourner auprès des siens, en analysant ce qu'il donne à voir de son caractère aux autres posé, responsable, son propre maître ». Un tragique plein de modernité La tonalité tragique s'impose car le personnage fait face à une mort inéluctable, un danger extrême » et irrémédiable » qui n'a pas de remède, comme le sida. En contraste, la structure des phrases ciselées en versets fondés sur des répétitions, procède de manière hésitante, par corrections successives épanorthoses, ce qui confère un caractère banal au prologue. L'alliance du thème de la mort et de ce ton familier rend ce texte universel et plus touchant pour le spectateur. BLa conception de la famille Acte I, scène 2 CATHERINE. – Il porte le prénom de votre père, je crois, nous croyons, nous avons cru, je crois que c'est bien, cela faisait plaisir à Antoine, c'est une idée auquel, à laquelle, une idée à laquelle il tenait, et moi, je ne saurais rien y trouver à redire - je ne déteste pas ce prénom. Dans ma famille, il y a le même genre de traditions, c'est peut-être moins suivi, je ne me rends pas compte, je n'ai qu'un frère, fatalement1, et il n'est pas l'ainé, alors, le prénom des parents ou du père, du père de l'enfant mâle, le premier garçon, toutes ces histoires. Et puis, et puisque vous n'aviez pas d'enfant, puisque vous n'avez pas d'enfant, – parce qu'il aurait été logique2, nous le savons… – ce que je voulais dire mais puisque vous n'avez pas d'enfant et Antoine dit ça, tu dis ça, tu as dit ça, Antoine dit que vous n'en aurez pas – ce n'est pas décider de votre vie mais je crois qu'il n'a pas tort. Après un certain âge, sauf exception, on abandonne, on renonce puisque vous n'avez pas de fils, c'est surtout cela, puisque vous n'aurez pas de fils, il était logique logique, ce n'est pas un joli mot pour une chose à l'ordinaire heureuse et solennelle, le baptême des enfants, bon il était logique, on me comprend, cela pourrait paraître juste des traditions, de l'histoire ancienne mais aussi c'est aussi ainsi que nous vivons, il paraissait logique, nous nous sommes dit ça, que nous l'appelions Louis, comme votre père donc, comme vous, de fait. Je pense aussi que cela fait plaisir à votre mère. 1 Fatalement Logique qui suit la raison. Définition de la famille. L'exclusion de Louis hors de la famille. La dépendance de Catherine envers ce que pense Antoine. La répétition du mot logique ». Mouvements du texte Premier mouvement, la transmission du prénom du père dans les familles traditionnelles du début jusqu'à ce que je voulais dire ». Deuxième mouvement, la mise en accusation de Louis comme mauvais fils aîné de mais puisque vous n'avez pas d'enfant » jusqu'à vous n'aurez pas de fils ». Troisième mouvement, la conception de l'héritage par Catherine et Antoine de il était logique » jusqu'à la fin de la tirade. L'essentiel à retenir du texte La conception traditionnelle de l'aîné comme héritier dans la famille Dans cette tirade, Catherine présente de façon maladroite sa conception traditionnelle de la famille à Louis. Au départ, il n'est question que d'un sujet banal Catherine veut présenter sa famille à son beau-frère qu'elle ne connaissait pas encore. Le fait que le fils de Catherine et Antoine s'appelle Louis, comme le frère aîné et comme le père d'Antoine, provoque une crise familiale. En effet, traditionnellement, le prénom du père se transmet uniquement à l'aîné de la fratrie. Ici, la tradition n'a pas été respectée. C'est le neveu de Louis qui porte ce nom et non son fils. Une argumentation maladroite et cruelle Catherine tente de banaliser cette tradition en évoquant sa propre famille et en utilisant des expressions péjoratives l'enfant mâle.. ; toutes ces histoires ». Toutefois, son malaise à poursuivre ses idées se dévoile dans le fait qu'elle n'assume pas le contenu de son propos elle multiplie les hésitations verbe croire », tentative pour définir la logique et finit par avouer qu'elle répète ce que dit Antoine. Elle répète à diverses reprises que Louis n'a pas d'enfants et n'en aura pas ce rappel est d'autant plus cruel que Louis sait qu'il va mourir. Il est privé de son héritage et de sa lignée par cette mort inéluctable. Sa belle-sœur en tire avantage comme son frère puîné. Une image dégradée de la mère Catherine symbolise une mère dépendante de son mari qui pense à sa place. Elle agit pour faire plaisir » à son époux et à sa belle-mère. Elle ne déteste pas ce prénom » cette litote montre qu'elle n'a pas vraiment d'avis. Elle s'exprime avec maladresse, vouvoie son beau-frère comme pour l'exclure de la famille et met sa famille en valeur en faisant de l'ombre aux autres membres de la famille. Elle semble exercer une cruauté tragique malgré elle. D'ailleurs, elle est nommée par son prénom et non comme mère » dans la pièce, comme si la seule mère était celle de Louis et Antoine, comme si cette pièce rapportée » n'avait servi qu'à enfanter la descendance de la lignée du fait que Louis n'a pas d'enfants. CL'épilogue ce que je fais, je pars. Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encore après j'en aurai fini c'est l'été, c'est pendant ces années où je suis absent, c'est dans le Sud de la France. Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m'évitera les méandres1 de la route, le chemin sera plus court et je sais qu'elle passe près de la maison où je vis. La nuit, aucun train n'y circule, je n'y risque rien et c'est ainsi que je me retrouverai. À un moment, je suis à l'entrée d'un viaduc2 immense, il domine la vallée que je devine sous la lune, et je marche seul dans la nuit, à égale distance du ciel et de la terre. Ce que je pense et c'est cela que je vais vous dire c'est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c'est ce bonheur-là que je devrais m'offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l'ai pas fait. Je me remets en route avec le seul bruit de mes pas sur le gravier3. Ce sont des oublis comme celui-là que je Les méandres les virages et Un viaduc pont très élevé qui passe au-dessus d'une Le gravier petits cailloux répandus sur les allées. Les expressions du temps et de l'espace. Le souvenir. Le bruit. Les actions réelles et oniriques du personnage. Le bonheur inaccompli. Les mouvements du texte Premier mouvement, l'annonce courte et brutale de son départ et de sa mort par Louis du début jusqu'à une année tout au plus ». Deuxième mouvement, le récit du souvenir emblématique de Une chose dont je me souviens » jusqu'à du ciel et de la terre ». Troisième mouvement, le message onirique transmis par Louis au spectateur de ce que je pense » à la fin. L'essentiel à retenir du texte Épilogue en réponse au prologue tragique Cet épilogue rappelle le prologue et le rend encore plus tragique Louis, seul sur scène, clôt la pièce, comme il l'a commencée, mais rien ne s'est déroulé comme prévu et c'est inéluctable puisqu'il affirme qu'il est mort. Le thème du silence contraint Il n'a pas pu délivrer le message de sa mort à sa famille. Il a à nouveau choisi la fuite mais cette fuite est alors définitive et tragique puisqu'il meurt peu de temps après son départ. Louis livre alors un souvenir qui montre que sa fuite perpétuelle l'a toujours condamné au silence et lui a interdit de s'exprimer et de rayonner dans la vallée du monde. Onirisme et symbolique La fin de la pièce est onirique et symbolique. Louis raconte un souvenir d'un été, dans le Sud de la France où il s'est perdu en chemin, et passe au-dessus de la vallée où se trouve sa maison. Sa marche, entre ciel et terre, sous le signe de la lune, ressemble à une nouvelle naissance au monde, où il est dans un viaduc qui doit lui permettre de retrouver son chemin. Toutefois, cette expérience reste inaccomplie car, au cri primal d'une renaissance, Louis substitue le bruit de la fuite de ses pas. Toutefois, on peut considérer que cette vallée ressemble à un théâtre et que la pièce est le cri qui a été retenu par le personnage. DansJuste la fin du monde, la famille entière de Louis a arrêté de vivre il y a douze ans, son départ a ouvert des plaies chez chacun qui resurgissent à son retour. Vient ensuite le Juste la fin du monde analyse linéaire épilogue. L’épilogue est, dans la tragédie, le retour au calme. Dans la pièce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. Ainsi, l’oeuvre s’inscrit dans une forme circulaire dans la mesure où le prologue était également constitué d’un monologue de Louis. Après la lecture de l’épilogue, nous proposons une analyse linéaire du texte. méthode du commentaire linéaire Juste la fin du monde texte de l’épilogue Louis. – Après, ce que je fais,je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,une année tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encoreaprès, j’en aurai fini c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent,c’est dans le Sud de la que je me suis perdu, la nuit dans la montagne,je décide de marcher le long de la voie m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je nuit aucun train n’y circule, je ne risque rienet c’est ainsi que je me un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,il domine la vallée que je devine sous la lune,et je marche seul dans la nuit,à égale distance du ciel et de la que je penseet c’est cela que je voulais direc’est que je devrais pousser un grand et beau cri,un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,hurler une bonne fois,mais je ne le fais pas,je ne l’ai pas me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE Problématique Pourquoi cet épilogue apparaît-il comme une série de déceptions? Premier mouvement du début à une année tout au plus » Une parole d’outre-tombe D’abord, l’épilogue s’ouvre sur un connecteur temporel après ». Or celui-ci indique que l’épilogue apparaît comme une suite à la l’idée de départ définitif est inscrite fermement avec l’emploi du verbe partir » et ne plus jamais revenir ».D’ailleurs, comme dans l’ouverture du prologue, nous pouvons constater avec étonnement que le personnage semble s’exprimer d’outre-tombe. Effectivement, les références temporelles nous placent après la mort du héros quelques mois plus tard », une année tout au plus ». Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix d’un mort. Deuxième mouvement de Une chose dont je me souviens » à c’est ainsi que je me retrouverai » un souvenir Ensuite, le deuxième mouvement s’ouvre sur l’évocation de sa mémoire avec l’emploi du verbe je me souviens ».Puis, une mention entre parenthèses après j’en aurai fini » permet une double lecture. De quoi s’agit-il? Il en aura fini de sa vie, cette mention serait alors tragique. Mais s’il fait référence à la pièce, cette mention revêt alors une tonalité comique, comme s’il s’excusait d’ennuyer son spectateur et lui promettait qu’il serait bientôt libéré de ce souvenir est fermement ancré grâce à la précision de divers compléments circonstanciels de lieu et de temps annoncés par un présentatif c’est l’été », » c’est pendant ces années », c’est dans le sud de la France ». Il évoque alors un moment où il s’est perdu dans la se développe une métaphore du chemin suivi. En effet, il avait la possibilité de se laisser porter au gré des chemins de montagne mais il choisit l’efficacité de la voie ferrée, comme marqué par le productivisme de son époque. Nous pouvons ainsi relever un champ lexical de la voie »chemin », méandres », route », marcher ». Ainsi, ce deuxième mouvement fait état d’un souvenir dans lequel Louis a fait le choix de la raison et de l’efficacité bourgeoise. Troisième mouvement de à un moment » à la terre » La nuit Ensuite, il évoque un viaduc » qui pourrait faire référence à ce qui relie deux vallées. D’ailleurs, il évoque sa situation entre deux, entre le ciel et la terre, comme entre les vivants et les Louis évoque de manière poétique un paysage dont nous pouvons relever le champ lexical vallée, lune, ciel, terre ». Le monologue devient lyrique. En témoigne également l’usage de la première personne je ». Louis évoque dans cette troisième partie une expérience de la solitude, d’un état suspendu dans un entre-deux. Dernier mouvement de ce que je pense » jusqu’à la fin Un cri sans voix Louis évoque alors au conditionnel ce qu’il aurait dû faire pousser un cri. Nous pouvons d’ailleurs constater un champ lexical du cri résonnerait », cri », hurler ».D’abord, ce cri est qualifié de manière méliorative comme le montrent les adjectifs grand et beau » ou long et joyeux ». Mais quel sens donner à ce cri qui n’ a pas été poussé? Plusieurs possibilités s’offrent aux lecteurs/ ce cri peut être compris d’un point de vue psychologique. Une sorte d’appel à l’aide, une tentative de s’extirper de la crise individuelle et familiale qui le ce cri peut être compris comme une tentative de création littéraire. Autrement dit, il regrette de n’avoir pas tenté de transformer une expérience difficile en une oeuvre littéraire. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE CONCLUSION Ainsi, la pièce s’achève sur un nouveau constat d’échec. Louis a raté le rendez-vous avec sa famille, avec lui-même mais aussi, peut-être avec l’art. Merci de ta lecture. Nous espérons que cette fiche sur l’épilogue a pu t’aider dans ton travail. N’hésite pas à poster tes remarques et commentaires dans la rubrique ci-dessous. D’autres fiches peuvent t’aider dans tes révisions, nous t’en proposons quelques exemples ci-dessous –Explication linéaire prologue –Explication linéaire du monologue de Suzanne –Analyse de Juste la fin du monde –Dissertation sur la crise dans Juste la fin du monde –Biographie de Jean-Luc Lagarce –Méthode de l’analyse linéaire Anoter : les 5 oeuvres de l'ancien programme seront supprimées fin août 2022 : Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves; Sarraute, Enfance; Stendhal, Le Rouge et le Noir; Verne, Voyage au centre de la Terre; Yourcenar, Mémoires d’Hadrien; Continuer. Menu. Abbé Prévost, Manon Lescaut. Plan d'ensemble des ressources ; Exploitation de l'œuvre intégrale; Parcours
Juste la fin du Monde, Jean-Luc Lagarce, 1990 Scène 9 texte fiche juste la fin du monde scène 9 La Mère. – C’est l’après-midi, toujours été ainsi le repas dure plus longtemps, on n’a rien à faire, on étend ses jambes. Catherine. – Vous voulez encore du café ? Suzanne. – Tu vas le vouvoyer toute la vie, ils vont se vouvoyer toujours ? Antoine. – Suzanne, ils font comme ils veulent ! Suzanne. – Mais merde, toi, à la fin ! Je ne te cause pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que je parle ! Il a fini de s’occuper de moi, comme ça, tout le temps, tu ne vas pas t’occuper de moi tout le temps, je ne te demande rien, qu’est-ce que j’ai dit ? Antoine. – Comment est-ce que tu me parles ? Tu me parles comme ça, jamais je ne t’ai entendue. Elle veut avoir l’air, c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là, tu es là et elle veut avoir l’air. Suzanne. – Qu’est-ce que ça a avoir avec Louis ? Qu’est-ce que tu racontes ? Ce n’est pas parce que Louis est là, qu’est-ce que tu dis? Merde, merde et merde encore ! Compris ? Entendu ? Saisi ? Et bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur ! La Mère. – Suzanne ! Ne la laisse pas partir, qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Tu devrais la rattraper ! Antoine. – Elle reviendra. Louis. – Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. Antoine . – Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. » Catherine. – Antoine ! Antoine. – Quoi ? Louis. – Tu te payais ma tête, tu essayais. Antoine. – Tous les mêmes, vous êtes tous les mêmes ! Suzanne ! Catherine. – Antoine ! Où est-ce que tu vas ? La Mère. – Ils reviendront. Ils reviennent toujours. Je suis contente, je ne l’ai pas dit, je suis contente que nous soyons tous là, tous réunis. Où est-ce que tu vas ? Louis ! Catherine reste seule.
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Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 2 Commentaire composé. Dernière mise à jour 30/11/2021 • Proposé par jllesaint élève Texte étudié ANTOINE. — [...] Catherine, aide-moi, je ne disais rien, on règle le départ de Louis, il veut partir, je l’accompagne, je dis qu’on l’accompagne, je n’ai rien dit de plus, qu’est-ce que j’ai dit de plus ? Je n’ai rien dit de désagréable, pourquoi est-ce que je dirais quelque chose de désagréable, qu’est-ce qu’il y a de désagréable à cela, y a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? Louis ! Ce que tu en penses, j’ai dit quelque chose de désagréable ? Ne me regardez pas tous comme ça ! CATHERINE. — Elle ne te dit rien de mal, tu es un peu brutal, on ne peut rien te dire, tu ne te rends pas compte, parfois tu es un peu brutal, elle voulait juste te faire remarquer. ANTOINE. — Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? Non. Je ne suis pas brutal. Vous êtes terribles, tous, avec moi. LOUIS. — Non, il n’a pas été brutal, je ne comprends pas ce que vous voulez dire. ANTOINE. — Oh, toi, ça va, la Bonté même » ! CATHERINE. — Antoine. ANTOINE. — Je n’ai rien, ne me touche pas ! Faites comme vous voulez, je ne voulais rien de mal, je ne voulais rien faire de mal, il faut toujours que je fasse mal, je disais seulement, cela me semblait bien, ce que je voulais juste dire – toi, non plus, ne me touche pas ! – je n’ai rien dit de mal, je disais juste qu’on pouvait l’accompagner, et là, maintenant, vous en êtes à me regarder comme une bête curieuse, il n’y avait rien de mauvais dans ce que j’ai dit, ce n’est pas bien, ce n’est pas juste, ce n’est pas bien d’oser penser cela, arrêtez tout le temps de me prendre pour un imbécile ! il fait comme il veut, je ne veux plus rien, je voulais rendre service, mais je me suis trompé, il dit qu’il veut partir et cela va être de ma faute, cela va encore être de ma faute, ce ne peut pas toujours être comme ça, ce n’est pas une chose juste, vous ne pouvez pas toujours avoir raison contre moi, cela ne se peut pas, je disais seulement, je voulais seulement dire et ce n’était pas en pensant mal, je disais seulement, je voulais seulement dire... LOUIS. — Ne pleure pas. ANTOINE. — Tu me touches je te tue. LA MERE. — Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 2 Jean Luc Lagarce né en 1957 et mort en 1995 est un auteur dramatique contemporain et metteur en scène du XXe siècle, il publie en 1990 Juste avant la fin du monde, une pièce de théâtre. Dans la scène 2 de la partie 2, Louis, héros principal de la pièce, revient après une longue absence annoncer sa mort prochaine à sa famille. Son frère et sa sœur se disputent, et il finira par repartir sans rien leur dire. Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure cette scène montre l’échec de la communication pour éviter les conflits. Pour cela, nous aborderons dans un premier temps les tensions qui posent un problème de communication au sein de la famille. Dans un deuxième temps, nous analyserons la violence qui finit par dominer la scène, en se substituant à la communication. I. Des tensions qui brouillent la communication Antoine, le frère du héros, est en colère contre Suzanne, leur sœur. Elle lui reproche des choses qui selon lui sont fausses. La tension entre les membres de la famille est de ce fait palpable. a Chaque personnage est impliqué Antoine exprime sa colère je ne disais rien .. je n'ai rien dit de plus ... je n'ai rien dit » lignes 2,5,7. Il se répète pour prouver son innocence. Il continue en se questionnant y-a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? » puis prend son frère à témoin Louis! ... j'ai dit quelque chose de désagréable ? » Antoine est indigné Ne me regardez pas comme ça ! » Catherine la femme d’Antoine prend à son tour partie et défend Suzanne Elle ne te dit rien de mal ». Elle juge son mari en l'accusant d'être une brute tu es un peu brutal » et continue en lui disant on ne peut rien te dire » b Une difficulté de communication, accentuée par la paranoïa d'Antoine Antoine par la suite s'interroge à nouveau Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? » Ce questionnement rhétorique nous donne l'impression qu'il est paranoïaque. Il croit que tout le monde est contre lui Vous êtes terribles,tous avec moi » Cela accentue sa possible paranoïa. Louis essaie de défendre Antoine mais celui-ci le brime en le surnommant la bonté même » L'auteur emploie ici une antiphrase. Il se met en position de victime ce n'est pas bien, ce n'est pas juste » arrêtez...de me prendre pour un imbécile ! » Il emploie un rythme redondant et amplifie ses propos. Antoine n'arrive pas à communiquer, et finit par substituer à ses difficultés de communication un comportement violent. II. La violence d'Antoine se substitue à la communication a L'agressivité d'Antoine Antoine finit par devenir violent, il repousse sa femme Je n'ai rien ne me touche pas » Il poursuit avec toi, non plus, ne me touche pas ! » il devient agressif, il insinue qu'on le prend pour un monstre comme une bête curieuse » il se compare à une bête. Quand Louis essaie de le consoler Ne pleure pas », il se fait aussitôt rejeter Tu me touches je te tue ». Il finit ainsi son dialogue par une menace de mort. b Le désespoir d'Antoine Antoine finit par lâcher prise et ne désire plus rien il fait comme il veut, je ne veux plus rien » Il a perdu toute conviction, il pense que c'est injuste ce qui lui arrive et il le fait savoir ce ne peut pas... ce n'est pas une chose juste, vous ne pouvez pas... cela ne se peut pas. » Il est accablé sous les reproches. Il bafouille et se répète et ne finit pas ses phrases je voulais seulement dire... » Il finit par succomber à la pression et finit par pleurer. Leur mère intervient et ordonne à Louis de s'éloigner Laisse-le, Louis, laisse-le maintenant. », ce qui met fin à la discussion. Conclusion En définitive Antoine est un éternel incompris, il ne sait pas exprimer ses sentiments et se sent offensé et attaqué par tous. Il en devient paranoïaque et violent. Les tensions naissantes dans cette scène se sont ainsi transformées en violence. Louis lui, dans ce passage, est constamment agressé par son frère aîné, qui menace même de le tuer. L'auteur met en avant la rage d'Antoine en laissant du coup Louis de côté. Louis a bien essayé d'arranger les choses, mais en vain. Il partira sans avoir pu leur annoncer son funeste destin. La violence a dès pris le pas sur la communication, qui a empêché la principale raison de la venue de Louis.
DansJuste la fin du monde, L’hapax serait ce passage de la scène 3 de la seconde partie, dans un soliloque d’Antoine, où il évoque son état malheureux par sympathie avec son frère : « comme toujours les plus jeunes frères se croient obligés de / l’être par imitation et inquiétude » (Juste la fin du monde, p. 97). On peut naturellement y voir une valorisation expressive au
MONOLOGUE SUZANNE JUSTE LA FIN DU MONDE. Dans la troisième scène de la première de la pièce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce écrite en 1991, Suzanne se livre à un monologue face à son frère Louis. Elle qui est plus jeune que ses frères emploie un discours très spontané. D’ailleurs, ce personnage de Suzanne semble très intéressant dès cette première prise de parole voir l’analyse des personnages. Elle apparaît également comme un personnage marqué à la fois par une crise personnelle et familiale. voir la dissertation sur cette question, ICI. Nous nous proposons d’effectuer l’explication linéaire du début de ce monologue de Suzanne ci-après. Problématique Comment ce monologue singulier trahit-il l’ambivalence des sentiments de Suzanne ? Texte du monologue Suzanne Juste la fin du mondepartie 1 scène 3 SUZANNE. – Lorsque tu es parti– je ne me souviens pas de toi –je ne savais pas que tu partais pour tant de temps‚ je n’ai pas fait attention‚je ne prenais pas garde‚et je me suis retrouvée sans t’oubliai assez petite‚ jeune‚ ce qu’on dit‚ j’étais petite. Ce n’est pas bien que tu sois parti‚parti si longtemps‚ce n’est pas bien et ce n’est pas bien pour moiet ce n’est pas bien pour elleelle ne te le dira paset ce n’est pas bien encore‚ d’une certaine manière‚pour eux‚ Antoine et aussi– je ne crois pas que je me trompe –‚mais aussi ce ne doit pas‚ ça n’a pas dû‚ ce ne doit pas être bien pour toi non plus‚pour toi as dû‚ parfois‚même si tu ne l’avoues pas, jamais‚même si tu ne devais jamais l’avouer– et il s’agit bien d’aveu –tu as dû parfois‚ toi aussice que je distoi aussi‚tu as dû parfois avoir besoin de nous et regretter de ne pouvoir nous le dire. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991. première partie, scène 3 Premier mouvement jusqu’à j’étais petite » Suzanne, la plus jeune de la fratrie D’abord, comme souvent chez Lagarce, le spectateur est perdu face à un usage inattendu des temps verbaux. Ainsi, le passé composé de tu es parti », renvoie au passé alors que je ne me souviens pas » renvoie à l’instant présent avec le présent de l’indicatif. Ensuite, Suzanne insiste beaucoup sur le verbe partir » qui met en relief l’importance pour la famille et pour elle-même de ce plus, elle insiste sur le fait qu’elle n’a pas pris garde. Autrement dit elle avait seulement une dizaine d’années à l’époque, elle a donc un souvenir peu clair et elle n’a pas compris à ce moment-là ce qui se jouait dans le noyau peut-être pour culpabiliser Louis, elle emploie une hyperbole je me suis retrouvée sans rien ». Or, elle avait bien sa famille autour d’elle mais ce départ fut une ensuite une évocation de la mémoire perdue, je t’oubliais assez vite » qui semble faire écho à je ne me souviens pas de toi ».Enfin, un parallélisme de construction clôt ce premier mouvement j’étais petite ». Ainsi, sa différence d’âge avec ses frères explique le ressenti singulier qu’elle eut au moment du départ et qu’elle a au moment du retour de Louis. Deuxième mouvement le jugement de ce n’est pas bien » à Catherine ». D’abord, ce mouvement est marqué par un refrain ce n’est pas bien ». Or, cette tournure négative repose sur un jugement de insiste sur le verbe partir » par la répétition. Elle met ainsi en évidence l’importance de son départ et la durée de son Suzanne égraine chaque membre de la famille qui en a souffert, elle la première qui ose exprimer ses reproches directement à Louis alors qu’il reste elle », qui désigne la Mère. Par opposition, celle-ci ne verbalisera pas ses reproches vis-à-vis de son le pronom eux » désigne Antoine et sa femme ce second mouvement est constitué des griefs de Suzanne à l’encontre de son frère son départ à cette époque là et la durée de son absence. Troisième mouvement la compassion de Suzanne de mais » à la fin D’abord, l’emploi de la conjonction de coordination mais » montre un renversement. Après l’avoir accablé de reproches et lui avoir montré sa destruction du noyau familial, Suzanne se montre compréhensive vis-à-vis de l’épanorthose ce ne doit pas, ça n’a pas dû, ce ne doit pas être bien pour toi »montre que Suzanne se reprend et modifie les temps verbaux comme pour montrer que cette difficulté, fut et demeure difficile également pour outre, il faut noter la récurrence des tournures négatives. Ce départ est donc marqué par la négation du bien être individuel et collectif des membres de cette même, le parallélisme de construction même si tu ne l’avoues pas, jamais/ même si tu ne devais jamais l’avouer » met en évidence la difficulté de Louis à parler. Toutefois, cette répétition du verbe avouer » est également reprise sous la forme nominale avec le terme aveu ». Suzanne laisse à penser que Louis est connu pour ne pas reconnaître ses la formule tu as dû parfois toi aussi » met en évidence cette hypothèse que Louis aussi a souffert de cette distance avec sa Suzanne termine une fois encore par la modalité tu as dû parfois », mettant en évidence l’isolement et la solitude dans laquelle il a pu se trouver parce qu’il était loin des siens. Conclusion de l’explication linéaire du monologue de Suzanne Finalement, Suzanne était jeune lorsque Louis a quitté la famille. Si elle est enthousiasmée par son retour, elle se montre très critique à son égard et lui fait d’abord des reproches. Puis, elle se montre plus compatissante et admet qu’il a dû souffrir de la situation. Nous espérons que ce commentaire linéaire a pu t’aider dans ton travail. N’hésite pas à poster des questions ou remarques dans les commentaires, juste en dessous. D’autres fiches peuvent compléter ton travail et t’intéresser –Analyse de Juste la fin du monde –Dissertation Juste la fin du monde et la crise –Explication linéaire du prologue de Juste la fin du monde -Explication linéaire de l’épilogue de Juste la fin du monde –Biographie de Jean-Luc Lagarce Navigation des articles

Commentrésumer Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce ? Quels sont les thèmes clés de cette œuvre ? C'est ce que je te propose de découvrir dans cette an

Juste la fin du monde est une œuvre théâtrale écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990 à Berlin. Traduite en plusieurs langues, l’histoire de Juste la fin du monde est émouvante et passionnante. Les dialogues sont minutieux et précis. L’auteur Jean-Luc Lagarce a bien fait d’écrire cette pièce pour ouvrir les yeux de l’humanité. Une œuvre qui vous donne une réflexion profonde sur votre existence. Alors, si l’histoire vous intéresse, voici un résumé de Juste la fin du monde. Résumé de juste la fin du monde Louis, un homme de trente-quatre ans qui est à l’aube de la mort comme il a peur. Louis prétend toujours que personne ne l’aime et ne s’occupe pas de lui, ne s’intéresse pas à lui, alors que c’est tout à fait le contraire. Sa mère est toujours là pour lui et se fait des soucis à son égard. Pour ses frères et sœurs, ils se préoccupent de leur vie, mais n’ont pas du tout cette attitude de rejet envers Louis. En dépit de sa peine, il a quitté sa famille pour déménager dans sa zone de confort, non loin de sa famille. Sa vie bouscule en apprenant qu’il est séropositif. Tout tourne autour de lui et ne sait pas où mettre les pieds. Alors, après une longue absence ponctuée de petites lettres, de cartes postales, durant une ultime visite, il décide de retrouver sa famille. Il annonce premièrement à sa mère qu’il va bientôt mourir. En effet, Louis est désespéré que les choses ne soient pas comme il le souhaitait. Il dit à sa mère qu’il se sent seul et perdu. Il a peur de la mort. Les autres membres de la famille lui reprochent son attitude. Cependant, sa mère est triste et voudrait qu’il lui rende visite plus tôt. Quant à sa sœur Suzanne, elle lui reproche également de ne pas l’avoir dit sur sa visite. En effet, Louis pense que l’atmosphère est encore conflictuelle et décide de partir sans révéler à ses proches sa visite. Dans la famille, les tensions ne s’apaisent pas même en cas d’absence de Louis. Chacun émet quelques reproches aux autres tout en faisant référence au passé. Par exemple, Catherine souligne qu’Antoine est un garçon brutal et qui déclenche une colère sans vouloir expliquer les choses. Dans la scène, Suzanne ne cesse de s’approcher de Louis pour lui faire part de ses sentiments. Malgré le rejet de Louis, elle espère toujours un changement venant de son frère. Quand elle apprend la nouvelle, elle est sans voix et se fond en larmes. Tout cela montre à quel point la vie de son frère de sang est si forte, plus forte que tout malgré le sentiment de Louis. Quand la nouvelle est annoncée, sa mère s’est étonnée et lui apporte du courage. En effet, cette mauvaise nouvelle a fait tisser un fort lien avec son fils. Malgré l’attitude de Louis, sa mère n’a pas pu empêcher d’en parler avec ses frères et sœurs malgré le silence de Louis. Antoine est également celui qui le comprend vraiment. C’est un ouvrier qualifié dans son travail. Il manie et contrôle parfaitement les machines et outils. De par ses compétences et son savoir-faire, il est devenu un syndicaliste. C’est une bonne personne. Il est toujours optimiste et n’envisage aucun doute sur l’avenir. Tout le monde l’adore, car c’est quelqu’un d’honnête et généreux. Il représente en tout le monde finissant. Vis-à-vis de son frère, il ne lui reproche rien et reste quelqu’un compréhensif. Entre autres, Louis essaye de corriger ses erreurs et tente de rectifier ses mauvaises pensées, ses gestes, ses sentiments et ses préjugés. Il évoque ses sentiments qu’il n’a pas saisi la chance d’être heureux. Avec un effort incroyable, il arrive enfin à cerner que la vie est si courte et que la solitude ne lui avance à rien, plus précisément le fait de s’éloigner de sa famille n’est pas du tout un remède à sa situation. Avec le temps, il a pu connaître ce qui est précieux dans la vie et c’est la famille. En parallèle, sa famille a tendu sa main pour lui apporter un soutien et un accompagnement dans sa vie. Peu importe le mépris à leur égard, les préjugés et les moqueries de Louis, sa famille a toujours espéré qu’il se change jour. Sans connaissance de sa maladie, elle n’a cessé de lier le lien entre son frère et lui. En tout, l’amour et l’appui de sa famille ont fait raviver le cœur de Louis qui est tombé dans une grande dépression. Les personnages dans Juste la fin du monde Les personnages décrits par Jean-Luc Lagarce dans Juste la fin du monde jouent tous un rôle important démontrant son identité et sa personnalité envers l’acteur principal. Premièrement, la mère de Louis est une femme dynamique, humble et serviable. Éduquer ses enfants est sa priorité. Elle n’a pas vraiment fait des études, mais ne possède qu’un simple certificat. Elle occupe divers postes. Une ouvrière auparavant et ensuite, elle est femme de ménage. Elle aime s’occuper de son foyer et se sacrifie pour nourrir ses enfants. C’est une femme forte et battante. Avec sa retraite, elle vit maintenant une vie modeste. Son centre d’intérêt c’est sa famille. La réussite et l’épanouissement de ses enfants sont ses priorités. Ses frères et sœurs possèdent des personnalités différentes. En effet, chacun a son propre caractère et ses centres d’intérêt. Ils pensent que Louis s’est écarté d’eux parce que c’est son choix. Or, Louis se sent rejeté et mal aimé par sa famille. Pour les autres à part Antoinne, la vie continue malgré l’absence de Louis. Toutefois, ils pensent que son frère est de nature invivable et que c’est mieux qu’il parte s’il n’est pas heureux avec sa famille. Son départ n’a pas du tout eu un grand impact dans leur vie. En tout, ils pensent que le temps réparera tout et ils espèrent seulement que son bien. Bref, Juste la fin du monde est l’une des pièces les plus écoutées au théâtre. Le résumé de Juste la fin du monde vous donne un aperçu de la scène intégrale. Le contexte du titre manifeste la modification de la tonalité de l’œuvre. En fait, l’optimiste esquissée fait place à un sentiment tragique, la fin de son monde. Il tente de se racheter et de donner un amour à sa famille. C’est la dernière chose qu’il souhaite avant que tout s’écroule. En tout, l’auteur Jean-Luc Lagarce de l’œuvre Juste la fin du monde souligne que cette vie a une finalité et que personne n’y échappe. Sur ce, il faut faire le bien et donner autant d’amour que possible pour ne pas se regretter un jour.
Lethéâtre repose sur une action à accomplir. Ici, Louis doit avouer sa mort. Juste la fin du monde mobilise le registre tragique. La crise n’est pas la conséquence de l’action mais

Explication linéaireJuste la fin du monde scène 3 partie 1Jean-Luc Lagarce A écrit juste la fin du monde en 1990 À Berlin alors qu’il était atteint du sida est condamné à une mort la fin du monde est une pièce de théâtre qui évoque le retour de Louis dans sa famille pour annoncer sa maladie et Sa mort prochaine mais la communication dans la famille est difficile et le retour de Louis va révéler les souffrances des autres membres de la que je vais vous présenter trouve sa place dans la scène 3 de la partie 1. Cette scène est un soliloque de Suzanne qui évoque le départ de Louis et ses allons répondre à la problématique qui est comment cette scène associé-t-elle la difficulté d’écrire à celle de dire ?Mouvement un ligne 1 à 6 La difficulté à nommer les écritsMouvement deux ligne 7 à 21 le métier de Louis imaginé par SuzanneMouvement trois ligne 22 à 29 Les reproches de SuzanneMouvement un Les deux premières phrases sont des parallélisme de construction. La phrase change de temps elle passe de L’imparfait au présent. Ça traduit les difficultés de Suzanne a s’exprimé. Le fait d’utiliser l’anaphore parfois met en évidence la rareté des lettres envoyées par Louis. Elle cherche ses mots Qu’est-ce que c’est » Elle se pose unequestion par rapport aux lettres de Louis qui sont très courtes. Il y a une présence de négation ce ne sont pas des lettres » se contredit, Elle fait des remarques contradictoires. Elle utilise le mot juste » qui est un adverbe qui sert à minimiser les écrits, elle poursuit en précisant que les écrits ne contiennent rien c’est fort pourévoquer les écrits comme si il n’envoyait rien Ça exprime la déceptionde Suzanne face a ses écrits .A la ligne 5, elle a trouvé un adjectif qualifiant les écrits de son frère elliptiques » le fait qu’il soit tout seul sur cette ligne le met en valeur.

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